Si je voulais faire mon analyste cinéphile pédant, je pourrais introduire cet texte en affirmant que la vague américaine de comédies sportives des années 2000 n’est que le reflet d’une société en crise depuis les attentats du 11 Septembre. Le sport et le rire, deux valeurs doudous pour une Amérique traumatisée.

(Ça en jette hein?)

Pour autant, face à ses petits camarades, Ricky Bobby : Roi du circuit, Dodgeball, Match en famille, ou Les Rois du Patin, Balles de feu se distingue. Les premiers sont issus de l’esprit du « Frat Pack », groupe informel d’acteurs et de scénaristes comiques américains omniprésent dans la comédie des années 2000, ils partagent des acteurs, des créatifs et un humour assez proche.

Balles de feu se démarque par son humour bien plus loufoque. Il n’hésite pas à croiser la structure narrative du film de kung-fu, et plus précisément d’Enter the Dragon, pour proposer un film où le ping-pong (le voilà le sport du jour) est roi pour un tournoi farfelu contre des compétiteurs déterminés. Le tout dans un magnifique décor de base secrète japonisant, où Christopher Walken, en Cheng, boss final, en fait des tonnes dans ses tenues chinoises chatoyantes.

Pour satisfaire un certain public fan de la chose, quelques sous-entendus entre les balles de ping-pong et les testicules seront bien sur de la partie, avec quelques plaisanteries scabreuses. Balls of Fury n’est pas de la plus grande subtilité, c’est sur. La répétition des blagues autour de la cécité du maître chinois de la discipline, joué par James Hong, agace.

Le film est bien plus jubilatoire quand il met en scène ses parties de ping pong, à l’image de matchs vifs et exagérés. Il y a malgré tout un certain réalisme, dans le tempo des échanges, marqués par ce « ping » et ce « pong » omniprésents ou presque pendant tout le film. Les acteurs ont appris les rudiments du jeu mais surtout la manière de se déplacer et de jouer, la balle (ou plusieurs) étant ajoutée numériquement, on n’y voit que du feu.

Face au héros involontaire du film, ce Randy Daytona champion déchu, joué par Dan Fogler, à la carrure et aux vêtements de roadie de groupe de rock, on trouve une belle brochette de participants parfois excentriques, même si on aurait aimé en voir encore plus. Le génial Terry Crews (Idiocracy, Brooklyn Nine-Nine) en fait des tonnes avec ses muscles et sa fureur. Thomas Lennon (aussi co-scénariste et réalisateur de la seconde équipe) incarne le rival allemand sans pitiés. Le dernier match est en dehors de tout réalisme, débridant les règles avec humour. Le thème de ces affrontements sportives est une épopée hollywoodienne que n’aurait pas renié Hans Zimmer

Dès lors, la trame globale apparaît en retrait, et il est vrai qu’elle patine un peu à ses débuts. L’entraînement de Randy Daytona pour atteindre de meilleurs niveaux est un passage obligé, mais qui préfère l’humour un peu facile plutôt que les élans de folie une fois arrivés dans la base de Cheng. Le film préfère évacuer certains développements rapidement, notamment la relation entre Randy et Maggie (jouée par l’athlétique Maggie Q), qui gâche un personnage féminin qui pourtant s’imposait auparavant.

Le film est une co-création de Robert Ben Garant et de Thomas Lennon, qui se sont fait connaître avec la série Reno 911, n’appelez pas et le film dérivé Alerte à Miami : Reno 911, et un certain nombre de scénarios de comédies de ces années 2000 : Baby-Sittor, Bienvenue en prison ou la trilogie Une nuit au musée. Si on peut encore trouver à redire sur leurs scénarios ou leur humour, force est de reconnaître que leur comédie est l’une des rares de ces années aussi bien filmées, sans prétention mais avec efficacité, dans les plans désirés ou la photographie. Le film utilise aussi de très beaux décors, à la fois crédibles mais aussi exagérés, à l’image de ce film gentillement foufou, qui a plus d’une balle à son arc.

SimplySmackkk
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le 10 févr. 2023

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