"L'amour propre est un ballon gonflé de vent dont il sort des tempêtes quand on y fait une piqure" *

Un film tibétain, c'est pas tous les jours qu'il nous est donné d'en voir un !


Malheureusement, il y a fort à parier que Balloon soit l'un des films qui pâtissent le plus de la crise actuelle du Covid.
La première reprise de l'activité cinématographique à la fin du premier confinement, en Juin dernier, était une période marquée par une pénurie de films. Les entrées étaient fortement réduites (-90% sur les premières semaines, puis rapidement on tournait autour de -70% au milieu de l'été), mais l'absence de blockbusters et de gros films avaient pu bénéficier à un certain nombre de films fragiles, grâce notamment à une durée de vie accrue en salles. L'exemple de La mort de Staline (du même distributeur que Balloon, Condor distribution) est parlant : ce film ukrainien n'aurait sans doute jamais pu atteindre ses 210 000 entrées dans un contexte "classique".


Le schéma qui se profile pour la sortie de la seconde période de fermeture est au contraire l'exacte opposée. À l'heure où j'écris ces lignes (nous en sommes au 111e jour de fermeture consécutive, bordel ça commence à faire long), une hypothétique reprise est prévue pour avril, et nous comptons déjà près de 80 blockbusters dans les cartons rien que pour les 5 principales Majors américaines (ce qui voudrait dire 2 nouveaux blockbusters chaque semaine sur le reste de 2021), auxquels s'ajoutent plus de 150 films français tous chauds tous prêts à être sortis, ainsi que les films européens, et du reste du monde...
L'embouteillage du calendrier de sorties sera le vrai casse-tête de cette seconde reprise. Et dans ce merdier, on se fait moins de souci pour OSS 117 N°3 ou Les Tuche 4 que pour des films "issus de cinématographies peu diffusées" comme Balloon.


Encore plus lorsqu'il s'agit d'un film dont la première à eu lieu il y a plus de deux ans, en 2019 à la Mostra de Venise, et qui a été maintes fois repoussé.


Après ce petit laïus sur l'état actuel de l'industrie du cinéma, parlons tout de même un peu du film en lui-même !
Il s'agit de la 6e réalisation du réalisateur Pema Tseden, après Jinpa, un conte tibétain, sorti sur nos écrans en février 2020 (lui-même passé par la Mostra de Venise, en 2018).
L'histoire se déroule dans les plaines désertiques d'un Tibet qui pourrait ressembler aux steppes mongoles. Un jeune couple, Drolkar et son mari Dargye, vit d'élevage, dans petite communauté très attachée aux traditions. Quand survient la politique chinoise de l’enfant unique, le couple s'adapte et fait l'apprentissage des moyens de contraception. Mais les préservatifs sont une denrée rare, plusieurs kilomètres sont nécessaires pour s'en procurer, à la ville la plus proche.
Tout bascule le jour où Drolkar surprend ses enfants en train de jouer dehors avec les ballons volés sous son oreiller.


Un film sur les tabous de la religion, de la réincarnation et des traditions, qui arrive avec justesse à ne jamais sombrer dans le mélodrame, mais garde toujours une petite touche d'humour singulier, à l'image de ces ballons qui s'envolent avec la brise.


L'image, qui joue avec beaucoup de malice avec les décors majestueux des plaines tibétaines, est l'un des grands points forts du film.

Cinéphiles, je ne peux que vous encourager à aller voir Balloon lorsqu'il sortira #enfin, et à soutenir ce type de cinéma qui va en avoir bien besoin dans les mois qui vont suivre la réouverture des salles !



  • citation de Voltaire

D-Styx
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le 17 févr. 2021

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D. Styx

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