Bambi, c'est quoi ? Si vous posez la question à un lambda, il va très probablement répondre : "Tu parles du film où la mère du faon meurt ? Ah ouais ça fait chialer ça". Un peu comme le film Le tombeau des lucioles, qui provoque tout de suite des "Ça fait chialer". C'est tout ce qu'on retient de Bambi en grandissant.
À force, j'ai également retenu cette donnée. Bambi, ou le film qui fait chialer parce que la mère du héros meurt. Pourtant je n'ai pas pleuré quand j'étais petite, malgré le fait d'avoir regardé plusieurs fois le film que j'avais (et ai toujours) en cassette. J'étais bien trop jeune pour saisir l'importance des événements. Quand le temps des DVD est venu je n'ai plus trop touché à la cassette, et je gardais juste en mémoire le côté très mignon-drôle du film malgré le fameux sort funeste de la mère.
Cet été j'ai eu très envie de le revoir après tant d'années, afin de me rafraîchir la mémoire. Je l'ai donc revu. Je n'ai pas attendu la fin pour constater une chose : Bambi est un film sous-estimé. À mes yeux, c'est l'un des plus beaux films d'animation Disney, littéralement.
Parce que Bambi avant d'être la mort, c'est la vie, littéralement aussi. Une vie d'animal qui commence, la vie de la forêt, la vie de la nature même, une animation qui prend vie. J'ai une grande admiration pour ces touches de peinture par-ci par-là, ces décors qui ont des choses à raconter quelle que soit la saison. Je pense également aux scènes finales qui, même si elles ont quelque peu vieilli, restent magnifiques visuellement.
Ces jolies scènes, assez contemplatives finalement, s'accompagnent de musiques qui peuvent parfois paraître niaises et ringardes, mais qui ont aussi un effet apaisant je trouve. Les chants ne m'ont pas énervée, car les voix sont belles, et parce que le son s'adapte très bien à l'image. Chant ou pas d'ailleurs il y a une forte cohérence entre l'animation et la musique : presque chaque scène a son thème et vice-versa, ce qui leur donne un caractère unique et marque chaque étape du parcours du jeune Bambi. Alors, si on déplace le thème sur une autre scène, on en perd le rythme, et avec ça, le sens...
Et il n'y a pas que ça qui a de la valeur dans le film. Bambi c'est la vie face à la mort : les hommes. Des hommes qu'on ne voit jamais, et qu'on n'entend jamais, parce qu'on se met du point de vue des animaux et de la forêt. Eux-mêmes ne connaissent pas bien les hommes, et ils font bien, puisqu'à l'instant où ils voient des hommes, ils voient la mort. Très souvent, leur présence et le danger qu'ils représentent sont marqués par le rapport au feu, ennemi naturel de la forêt mais aussi symbole de destruction : des coups de feu, de la fumée qui émane de leurs maisons, l'incendie involontaire. À noter que même si les couleurs du feu apparaissent lors du combat entre Bambi et son rival en amour, il n'y a pas de feu autour.
[ En parlant de ce rival c'est le seul "gros" élément qui m'ait un peu gênée : ça ne me dérange pas qu'il soit taciturne, mais il sort un peu de nulle part... ]
Comme on en est un peu aux personnages, j'en profite pour ajouter que les personnages sont assez sympathiques en général, et pas si stéréotypés que ça pour l'époque (à part le hibou peut-être), surtout Fleur par exemple.
Enfin, la toute dernière scène représente bien l'une des meilleures qualités du film : la simplicité. Bambi ne propose pas une histoire à la Roi Lion, ce n'est pas un film hyper bavard, ce n'est pas un film survitaminé comme Aladdin, mais c'est un film charmant et poétique dans sa simplicité et sa subtilité. Il n'a pas besoin de montrer la mort de la mère pour être choquant, il n'a pas besoin de faire parler le rival de Bambi pour qu'on comprenne que c'est un rival, il n'a pas besoin de montrer les hommes pour qu'on comprenne que c'est perçu comme un danger pour les animaux et leur forêt, etc. Les images et les différentes représentations suffisent pour faire passer le message et les émotions.
Alors même si j'ai chialé à la mort de la mère cette fois, je dis : NON, Bambi n'est pas qu'un film qui fait chialer. Bambi ce n'est pas que la mort d'une mère. C'est un film qui mérite d'être redécouvert, surtout si on n'a gardé en tête que cette idée réductrice qui ne lui fait pas justice.
PS : Je remercie Yonbiw pour m'avoir un peu aidée à mieux exprimer mon ressenti :)