Tous les animaux de la forêt se pressent en ce grand jour. Ils vont tous assister à la naissance du prince de la forêt, Bambi, un jeune faon. Rapidement, Bambi découvre les mille et une merveilles de la forêt, en compagnie de son ami Pan-Pan, un jeune lapin qui n’a pas froid aux yeux. Mais Bambi va également découvrir que la forêt peut devenir un environnement hostile, lorsque l’homme y rôde…
Cela faisait bien longtemps que Walt Disney rêvait d’adapter le roman de Felix Salten (dont les deux œuvres suivantes seront adaptées en film live par les studios Disney : Les Aventures de Perri et Quelle vie de chien !). Il était même prévu que Bambi soit le deuxième long-métrage des studios après Blanche-Neige et les sept nains. Mais Disney et ses animateurs peinent à adapter un récit d’origine aussi réaliste et tragique, n’étant guère habitué à des histoires aussi sérieuses. Il faut dire que Bambi rompt peut-être pour la première fois de manière aussi radicale avec les Silly Symphonies, série alors iconique du studio.
En effet, ici, et contrairement aux productions précédentes du studio, le réalisme sera de mise. Disney convoque alors de célèbres peintres animaliers, organise de nombreuses visites au zoo, dans la forêt du Maine et des séances de dessin en faisant venir des animaux réels aux studios pour enseigner à ses animateurs comment peindre la nature le plus fidèlement possible. Tant d’efforts et tant d’années de productions ne seront pas vains, faisant sans doute à sa sortie de Bambi le film des studios Disney le plus réaliste et le plus soigneusement animé. Il faut dire que l’animation est d’une perfection de tous les instants, tant les animateurs Milt Kahl et Frank Thomas mettront tout leur art dans le dessin de Bambi, Féline et Pan-Pan, d’une délicatesse et d’une beauté époustouflantes, même venant du plus grand studio d’animation existant. Mais ce serait bien réducteur de limiter l’exploit graphique du film à ses personnages, lorsqu’on voit la magnificence des décors de la forêt (encore une fois transcendée par l’emploi de la caméra multiplane) et le travail hallucinant effectué sur les couleurs, tant dans la représentation des saisons successives que dans certaines scènes d’action comme celle de la course des cerfs ou celles du combat de Bambi et de l’incendie final. De leur côté, Franck Churchill et Edward Plumb assurent encore une fois au film une bande originale absolument superbe, dont quatre chansons inoubliables (et notamment celle de la séquence de la pluie, parfaite), qui lui valurent d’être nommée aux Oscars, quoiqu’on puisse regretter que le film ne l’ait pas obtenu.
Malgré un échec critique (et un succès financier très modéré) à sa sortie, le travail acharné que fournit l’équipe du film finit par trouver sa récompense, le film étant devenu au fil des années une légende jusqu’à être aujourd’hui un des films les plus représentatifs du studio, et sans doute un de ceux qui peuvent le plus prétendre au titre d’œuvre d’art.