Poursuite de l'étude de la féminité actuelle mais changement de décor

Des actrices non professionnelles, de l'électro en bande originale et une observation d'entomologiste sur le groupe. Pas de doute,c'est un film de Céline Sciamma. Elle conserve à l'image de Cédric Klapisch un sens de l'habillage précis. La nouveauté pour la jeune réalisatrice, c'est de filmer la banlieue et de jeter un oeil à la nouvelle tendance de cet espace de vie: la bande de filles. A vrai dire, le regard de Céline Sciamma est plutôt bon puisqu'elle est elle-même originaire de la banlieue. On sent qu'elle la filme en connaissance de cause, sans complaisance et sans folklore. C'est déjà un trés bon point.
Au niveau de l'histoire en elle-même, Céline Sciamma ne cherche volontairement pas à livrer un scénario à couper le souffle. De la Naissance des Pieuvres à bande de filles, elle travaille beaucoup sur l'arc de ses personnages, à savoir comment ils vont évoluer face à des difficultés ou des changements dans leurs vies. Au delà de scènes d'exposition ordinaires,le spectateur doit s'attacher aux expressions, aux comportements des protagonistes pour trouver du sens. Quand Marième devient Vic (clin d'oeil taquin à cette ado de Sophie Marceau bien rangée de l'époque), change de coiffure, vire presque racaille en talons, en n'oubliant jamais qui elle est vraiment, il faut aussi voir la façon de nager de cette jeune femme dans un environnement perturbé,hostile,sans pitié.
Pour son troisième film, Céline Sciamma arrive donc à étendre son analyse sur la question féminine en ayant quelque chose à dire. Il est fort à parier qu'elle devra bien réfléchir sur le sujet de son quatrième long car des critiques acharnés commencent à lui reprocher la redondance de son propos.