Droopy lève la patte ...
Les productions thaï récentes tentent encore et toujours de surfer sur l'effet de mode Ong Bak de Prachya Pinkaew pourtant sorti en 2003 ! Douze ans que les émules de Tony Jaa, qui fêtera...
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le 2 déc. 2015
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Les productions thaï récentes tentent encore et toujours de surfer sur l'effet de mode Ong Bak de Prachya Pinkaew pourtant sorti en 2003 ! Douze ans que les émules de Tony Jaa, qui fêtera prochainement ses 40 bougies et s'oriente désormais vers des "actionners" aux budgets plus conséquents (le très correct Skin Trade en 2013 où il démontre face à Dolph Lundgren de louables qualités d'acteur), cherchent à percer et à devenir le nouveau prince du Muay Boran, la boxe locale, dans des chorégraphies mâtinées de Kung-Fu et de Street Fight. La rude concurrence indonésienne avec la déferlante du ticket Gareth Evans/ Iko Uwais (Meranteau, The Raid, The Raid II: Berandal) laisse peu de place au doute quant à l’essoufflement du système.
Énième étalon que l'on tente de nous faire passer pour l'enfant du cru, John Foo, artiste martial anglais (père chinois et mère irlandaise), vivant aux États-Unis, se présente à nous fort d'un pedigree intéressant. Une participation à Tom-Yum-Goong, gros succès de Tony Jaa en 2005 connu comme étant à l'export The Protector, de la figuration sur Batman Begins de Christopher Nolan et deux rôles clés dans l’adaptation cinéma du jeu Tekken qui fut converti en direct-to-DVD en Occident, et le rôle de Ryu dans un court métrage Street Fighter Legacy en 2010. L'homme est mannequin ce qui ne gâte rien ou plutôt si, c'est son gros point faible.
Sans doute abusé par ses galipettes impressionnantes et une véritable maîtrise de son art (Kung Fu et Wushu), le réalisateur ne s’embarrasse pas du manque d'expressivité abyssale de son acteur. Qu'à cela ne tienne, pour compenser un casting à la ramasse - le personnage féminin de la journaliste semble être une touriste logée, nourrie gratis le temps du tournage tant elle improvise en permanence sans la moindre assurance - le script invente l'histoire d'un enfant miraculeusement sauvé d'une balle dans la tête, après avoir vu le meurtre de ses parents, qui ayant eu le cerveau endommagé ne ressent aucune émotion. Potion magique pour justifier un jeu d'acteur proche du veau atteint d'anémie cérébrale. Le script est d'ailleurs assez alambiqué, avec une intrigue tournant autour d'une corruption généralisée dans la police qui aurait occasionnée le meurtre de plusieurs agents vingt ans auparavant, mais ces agents ont des fils qui vingt après, chacun de leur coté, tentent de se venger, le foutoir totale. Le tout nous offre d'immenses moments d'hilarité, au hasard:
Scène 1: le héros ne ressent jamais la douleur, il s'épanche sur ce sujet à plusieurs reprises et dit ne ressentir que la faim, parfois. Après avoir pris une balle dans la sacoche qu'il transporte en bandoulière, laquelle balle est arrêtée par une plaque de flic dans ladite sacoche, le héros se relève et nous assène un très poétique: "Ah putain, j'ai mal au cul."
Scène 2: Alors que vingt ans se sont écoulés, l'enfant devenu adulte rend visite à l'infirmière mourante qui lui a sauvé la vie et qu'il considère comme sa mère. Laquelle infirmière en 20 ans semble être passée de 25 ans à 75 ans, mais le temps, plus qu'ailleurs, est une donnée relative en Thaïlande. Sa collègue qui semble à peine avoir vieillie, et qui avait pris la carte de visite d'un flic véreux désireux de se tenir au jus en 1990 ...en 1990 !!! ... reconnait l'enfant dans cet adulte qu'elle n'avait pas revu depuis vingt ans et illico appelle le flic véreux sans même sourciller. On doit à ce moment admettre que ledit flic en vingt ans n'a jamais changé de numéro de téléphone, et que l'infirmière a appris par cœur son numéro, faisant de la carte de visite le papier peint de la porte de ses WC.
Scène 3: L'éducation à la Kickboxer (1989, avec l'inénarrable Jean Claude Van Damme qui en prépare un remake) du pauvre, un quasi copié collé. Le héros va dans un bar se faire dessouder pour vérifier si l'enseignement pacifiste de son maître porte ses fruits. Le meilleur moyen de répandre la paix et l'amour dans le monde reste de distribuer des marrons à de pauvres pères de famille se désaltérant après une rude journée de labeur. C'est tellement plus drôle !
Le film ne cesse jamais, pour compenser l'incongruité de son scénario et les ellipses aussi nombreuses que les tibia cassés par notre vengeur anémié mais visiblement pas amnésique, de trouver de nouvelles idées pour présenter les scènes de fight. Si certaines sont plutôt de bonnes trouvailles (le 1 vs 6 dans les sous sols des locaux de la police tout en contre plongée), d'autres sont ennuyantes (le combat en ombres chinoises avec une perspective foireuse) et pis encore, cela tourne au jeu de massacre comme l'entraînement aux katas au début du film cachant à peine l'accélération de la pellicule, créant un bruit sur l'image assez pathétique. Un peu comme les courses poursuites en voiture des "nanars"philippins dans les années 80 où Mike Monthy et consorts masquaient autant que possible le manque de moyen par des raccords de bouts de ficelle.
En définitive, un héros bovin, une héroïne qui ne passerait pas le cap du casting pour une publicité pour barres chocolatées, et des combats filmés de façons inégales, le tout bien mal réalisé pour un film qui sent le semi-amateur.
John Foo n'est pas folichon. 1/10
Créée
le 2 déc. 2015
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