Voilà un film peu connu qui ne laisse pas indifférent. L’itinéraire d’une femme en quête de liberté ; une femme sans cesse épiée ; une femme à la recherche de l’amour mais d’abord une femme au service des autres. Une femme dont le destin n’est pas tracé, malgré le régime, une femme qui tente de fuir, et donc de résister à l’oppression, mais qui n’oublie pas que son métier la porte aussi à secourir et aider les autres (elle est médecin).

L’histoire se passe en RDA, en 1980, mais pour le réalisateur, ce pourrait être dans n’importe quel régime de même nature. Il s’agit de montrer à quel point il est difficilement supportable d’être toujours surveillé, de ne jamais savoir si l’on peut faire confiance à son interlocuteur. Les relations avec les autres qui ne sont jamais naturelles. Qui est l’autre ? Pourquoi ces questions ? Cela cache-t-il quelque chose ? Qui dit la vérité ? Bref, à qui peut-on faire confiance ? Nous ne nous rendons plus très bien compte de l’importance la liberté dans nos sociétés démocratiques, qu’il ne faut toutefois pas idéaliser, tandis que Petzold nous permet de sentir le poids d’une société de contrôle. Nous même, en tant que spectateurs, ne savons pas si André est digne de confiance ou pas. L’histoire qu’il présente à Barbara est-elle vraie, n’est-ce qu’un subterfuge pour gagner sa confiance ? Peut-elle ou non faire confiance à cet homme qui la surveille mais se comporte avec elle avec beaucoup d’attention et de bienveillance ? Est-ce trop beau pour être vrai ? La crainte, la peur et l’humiliation (ici à travers les fouilles corporelles) sont très présentes, surgissant avec une régularité qui ne laisse pas de réel répit.

Barbara, à travers un jeu impressionnant, un visage à la fois beau et marqué, incarne la volonté de ne pas accepter l’intolérable, la tentative de chercher une voie, de se frayer un chemin vers un ailleurs. La fuite est-elle d’ailleurs la solution, car la vie sera-t-elle vraiment plus facile de l’autre côté ? Mais fuir, n’est-ce pas trahir, laisser tomber les autres, ceux qui ne peuvent faire autrement ? Et risquer de sombrer dans un système libéral, où sa vie serait aussi cadrée par un compagnon qui la verrait bien en femme au foyer ?

Un film sensible et subtil, pas manichéen, et où les personnalités sont complexes ; un film lent comme longue devait être la vie en RDA pour ceux qui ne se résignaient pas.
socrate
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le 20 déc. 2013

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socrate

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