C'est beau la campagne, c'est bien le vélo .

Dès le début du film, la froideur du personnage de Barbara transparaît, par exemple la première séquence lorsque André regarde Barbara par la fenêtre, elle paraît si lointaine, pâle. De plus, les jeux de cadre dans le cadre montrent l’impression d’enfermement, la situation politique du pays. Ainsi l’exposition permet au spectateur de situer rapidement les deux protagonistes. Il éprouve vite un mal à l’aise quant à la situation, et le faux-semblant de liberté dans ce pays, à la froideur de Barbara aux autres, et sa méfiance qui sans cesse apparaît. De plus, on éprouve vite un certain attachement à ce médecin jovial, bien en chair. On bascule ainsi dans une sphère où le mal et le bien sont difficilement distinguables. En effet, par exemple l’autorité qui espionne Barbara est finalement dans la position d’un homme inquiet pour sa femme en train de périr, il essaye de gagner de l’argent. Le médecin prétendument si attentionné envers Barbara écrit des rapports. On échappe alors à un côté manichéen et désagréable.
La résolution est décevante parce que toutes les attentes du spectateur trouvent leur réponse, malgré-lui. En effet, le scénario est construit de façon à ce que la trame ne recèle aucun mystère. Nous prévoyons malheureusement rapidement que Barbara ne partira pas et restera avec ce cher médecin attractif. On a l’impression que le scénariste nous invite à ne pas s’intéresser à l’intrigue en elle-même mais plus aux évènements annexes. Par exemple les rapports aux autres durant cette période qui étaient basé sur la suspicion des uns des autres, l’atmosphère de l’époque. Cependant, dans cette campagne nous sommes éloignés de tout, ne retrouvons rien à part de beaux paysages. Il y une étrange contradiction entre la beauté du paysage, l’importance de sa place dans le scénario, et la laideur du contexte politique. D’une certaine façon, on a l’impression que le scénariste pour trouver un prétexte au fait que Barbara reste, et pour se « racheter » en nous montrant comment une dureté concrète de l’Allemagne de l’Est insère un élément hasardeux dans son histoire. Celui de la jeune fille qui va aux camps de travail. Son personnage est loin d’être creusé, elle semble simplement avoir le statut d’objet, qui oblige Barbara à rester, montre son côté affectif, une sorte de prétexte.
La particularité de cette œuvre, est qu’elle traite d’un sujet important sans montrer l’aspect pleinement dramatique du contexte. Le spectateur est plongé dans le point de vue de Barbara, et l’accompagne jour et nuit et jour et nuit et jour… Cette focalisation empêche alors le spectateur de voir l’ampleur de la gravité du contexte historique, cependant nous nous retrouvons dans la sphère du personnage, enfermés avec lui. Ce qui est étrange, c’est l’imprévisibilité de Barbara quant à son attitude alors que nous nous trouvons dans sa sphère. Sa froideur, sa méfiance crée une distance autant avec les autres personnages que le spectateur, pourtant nous n’arrivons pas à prévoir à quel moment un léger très léger sourire va se dessiner sur son visage. Les seules fois où les scènes sont chaleureuses c’est lorsqu’elle sourit. Son masque tombe difficilement, seul le spectateur a le privilège de la voir pleurer, un des seuls moments de faiblesse du personnage. Ainsi nous ne pouvons en aucun cas nous identifier à elle. On a presque l’impression que c’est également la quête du docteur de réussir à faire sourire Barbara, un véritable challenge. Ce personnage est d’ailleurs le lien entre le bien et le mal, il est attentionné, juste en tant que médecin, inquiet pour ses patients, mais écrit des rapports aux autorités sur son personnel, et Barbara. A part, cela il n’est pas très creusé, il semble insouciant, et être juste envouté par Barbara. Et les autres personnages, semblent avoir le statut de figures que l’on éparpille un peu, à qui on donne quelque fonctions afin de faire avancer un peu l’intrigue, et meubler le film.
Si l’on retourne sur la gravité de sujet, la réalisation elle est très classique. Les couleurs veulent se rendre naturelles. Lorsque Barbara est en présence des autres, la profondeur de champs est souvent restreinte. On marque ainsi son éloignement par rapport aux autres. De nombreux plans larges, rendent la grandeur de la campagne, dans une lumière naturelle. Une séquence sublime un peu le film, est celle de la plage, les tons bleus, tombant presque dans le noir et blancs donnent une atmosphère de froideur, de transition entre deux mondes. Le personnage attend.
D’ailleurs Barbara attend dans ce film, autant que le spectateur. Nous regardons un enchaînement de journées entières qui nous paraissent les unes après les autres de plus en plus longues, car le spectateur devine très facilement le final. Le montage lent, n’arrange en aucun cas la lourdeur des journées. Même si l’actrice est très charismatique, et attractive, elle seule ne suffit pas pour relever la platitude que j’ai ressentie à certains moments dans ce film. Même si l’intérêt du réalisateur était peut-être de montrer une autre facette de l’Allemagne durant les années 80’ centré sur les rapports humains, nous attendons qu’il se passe quelque chose qui dépasse nos attentes et la prévisibilité qui apparaissent très clairement.
Mamie_Barrière
5
Écrit par

Créée

le 17 déc. 2013

Critique lue 419 fois

1 j'aime

Mamie Barrière

Écrit par

Critique lue 419 fois

1

D'autres avis sur Barbara

Barbara
Mauvaispoil
8

à L'Est, l'Eden

Chouette film, bien joué, peu barré mais bien narré, évoquant finement, à la fois, la terreur du régime totalitaire de la RDA des années 80 et une douce "Ost-algie" bien contemporaine. A la sortie,...

le 6 juin 2012

7 j'aime

Barbara
eloch
8

A l'(est) rien de nouveau ?

Le jeu de l'actrice est excellent et le fond politique toujours intéressant. Voilà ce qui m'a attiré directement vers le film, je n'en sors pas du tout déçu. Barbara n'est jamais jugée dans le sens...

le 6 mai 2012

7 j'aime

Barbara
Mylex
8

Un regard troublant sur l'Allemagne de l'Est liberticide

Salle bien remplie, un mois après sa sortie. Le succès de Barbara, film discret qui ne faisait l'objet d'aucune super campagne de promotion, atteste bien de sa réussite. C'est en effet une perle...

le 4 juin 2012

6 j'aime

Du même critique

Compliance
Mamie_Barrière
5

Qui est le véritable voyeur ?

Le film s’introduit sur Sandra, aux prises avec un livreur qui lui explique son mauvais professionnalisme dans la commande de livraisons. Puis nous nous immergeons dans le fast-food, lieu dans...

le 17 déc. 2013

1 j'aime

1

Barbara
Mamie_Barrière
5

C'est beau la campagne, c'est bien le vélo .

Dès le début du film, la froideur du personnage de Barbara transparaît, par exemple la première séquence lorsque André regarde Barbara par la fenêtre, elle paraît si lointaine, pâle. De plus, les...

le 17 déc. 2013

1 j'aime

Opening Night
Mamie_Barrière
8

C'est fatiguant de se battre contre soi-même.

L’américain John Cassavetes réalise en 1978, ce drame. Il traite de la faculté d’une comédienne à faire face au temps, à elle-même. En effet Mytle Gordon est une comédienne de renommée, mais pour la...

le 17 déc. 2013