C'est fatiguant de se battre contre soi-même.

L’américain John Cassavetes réalise en 1978, ce drame. Il traite de la faculté d’une comédienne à faire face au temps, à elle-même. En effet Mytle Gordon est une comédienne de renommée, mais pour la première fois dans sa vie, elle doit jouer le rôle d’une femme d’un certain âge. Un accident d’une fan de Myrtle déclenche en elle, ce refus de la vieillesse, et une culpabilité qui empoisonnera son esprit.
Le film débute sur une pièce jouée par Myrtle, on se rend vite compte de son succès lorsqu’une foule vient l’acclamer à l’extérieur, une suite de plans serrés instables donnent vite le ton angoissant du film, surtout lorsque une jeune femme se fait écrasée après avoir poursuivi son idole Myrtle.

Le scénario décrit la progression de la psychologie de Myrtle Gordon avec beaucoup de finesse. Son personnage nous apparaît comme une femme « encore belle », en effet la question de l’acceptation de la vieillesse est traitée en profondeur. Nous sommes bercés dans le point de vue de la comédienne, et voyons ses projections, cette icône de la beauté, sulfureuse : Nancy.
Tout au long de son histoire Myrtle refuse tout, et chercher à s’imposer aux autres. Comme si, elle cherchait à fuir sa résignation. Ainsi nous avons un dédoublement de ce personnage, le plus intéressant est que ce personnage en a conscience. Elle dit d’ailleurs à la voyante, que Nancy est comme un ami imaginaire d’enfance, on sait qu’il n’existe pas.
Cette dualité chez Myrtle est se présente, et se traduit à l’image de plusieurs façons. Tout l’apparition de Nancy est très bien représentée, les inserts sur les mains, la bouche, les yeux, et les suites de gros plans intiment très vite au spectateur que Nancy est irréelle, et double de Myrtle. Ensuite, lorsque Myrtle, les yeux blessés, entre dans la chambre de Sarah, on assiste à un jeu de reflet de Myrtle et de Sarah. On comprend que Myrtle repousse Sarah au départ, car elle est l’incarnation de sa peur, ce qui l’attend.
Ensuite l’aspect théâtral est également un point clef. Ce personnage semble constamment se trouver dans un jeu. Lorsqu’elle est sur scène, elle agit de la même façon que dans la réalité. Elle semble porter un masque avec les autres personnages. De plus, le décor théâtral est même présent dans sa vie quotidienne. Par exemple : son appartement, est peu meublé, très symétriquement, c’est une vaste et grande pièce, qu’elle traverse en long. Cette pièce s’apparente à une décor de théâtre de plus John Cassavets film l’espace avec un plan large, mettant en valeur les lignes de fuite et la symétrie. Les couleurs assez chaudes, criardes participent à l’artificialité des lieux également.
Ce personnage torturé, qui est constamment sur scène, en proie à un dilemme, est étroitement lié à l’alcool. En effet, de nombreux plans sont composés de bouteilles, de verres. C’est d’ailleurs, la fin le clou du film, l’arrivée de Mythe ivre, qui réussit à surpasser l’attente de la vieillesse, et mêler de l’improvisation et une complicité avec son partenaire. Un rapport aux hommes qu’elle avait complètement perdu. Ici l’alcool apparaît comme purificateur, un solvant, il nettoie et permet au personnage se recréer, et oser.
Mais, n’oublions pas qu’Opening Night est un film étouffant, quelque peu similaire à Island Empire de David Lynch. Le personnage semble ainsi tomber peu à peu dans une folie presque effrayante. En effet, le film est réalisé de façon à ce que l’on s’immerge dans le monde du personnage, avec de nombreux plans serrés, une caméra instables, des travellings suivant acteurs lorsqu’ils sont sur scène. De plus l’image est assez colorée, et crée une artificialité constante.
Cette œuvre, qui montre un personnage dont le seul ennemi est lui-même est très intriguant, et nous tient éveillé. Cependant les scènes montrant la pièce de théâtre sont parfois un peu pesantes, et longues, et redondantes. Mais ce long-métrage reste une expérience enivrante.
Mamie_Barrière
8
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le 17 déc. 2013

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Mamie Barrière

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