À son arrivée à Détroit, Tess a la mauvaise surprise de découvrir que sa petite maison louée par Airbnb est déjà occupée par un jeune homme. S'excusant tout en lui expliquant qu'il a lui aussi réservé les lieux via un autre service, le prénommé Keith l'invite à entrer pour que tous deux mettent au clair la situation. Un brin méfiante, Tess franchit néanmoins le pas de la porte.
Et le titre du long-métrage, "Barbarian", envahit l'écran de ses lettres peu rassurantes...
Que dire d'un film dont il ne faut justement rien dire sous peine d'effriter l'énorme effet de surprise que sa découverte peut représenter ?
Juste peut-être qu'en son genre, "Barbarian" n'a clairement pas volé son joli succès inattendu au box-office américain (il a remporté près de dix fois sa mise).
Juste que de la part de Zach Cregger, acteur de seconde zone, réalisateur à ses heures connu essentiellement pour la comédie potache "Miss March" (autant dire rien), on n'aurait jamais pu imaginer une telle proposition de survival aussi folle, usant à la perfection de situations en trompe-l'oeil, d'une structure narrative aussi osée que jubilatoire dans sa progression, d'idées esthétiques et de mise en scène en adéquation réelle avec le point de vue de ses protagonistes ou encore d'un savoureux équilibre entre les moments de plus vive tension et un humour noir aussi glauque que corrosif (mention spéciale à un certain personnage pris dans cet engrenage, vous le reconnaîtrez sans peine).
Juste que l'on ne regrette pas un seul instant d'avoir gardé un oeil sur la carrière de Georgina Campbell, actrice britannique très douée, aux choix souvent intéressants et qui, ici, trouve un premier rôle sur grand écran dans un projet qui a forcément le mérite de ne ressembler à aucun autre (les acteurs qui l'accompagnent sont aussi à saluer).
Juste que, dans la liste des excellentes surprises du cinéma d'horreur US contemporain destinés aux salles de cinéma (celui-ci ne sortira hélas que sur Disney+ en France), "Barbarian" va sans mal tutoyer un film comme "Don't Breathe" par l'originalité de son concept mais aussi de son ton jusqu'au-boutiste, qui ne s'interdit rien, pour l'exploiter à sa pleine mesure.
Juste que "Barbarian" est probablement un des meilleurs films à utiliser un certain tube incontournable des 60's de la manière la plus horriblement drôle qu'il soit durant son générique de fin.
Juste... Bon sang, quel kif, quoi !
Les quelques maladresses sur certains agissements de l'héroïne au demeurant plutôt futée de prime abord (où l'on se surprend à lui hurler des "SORS !!!" devant l'écran) ou points qui auraient être encore plus poussés dans l'horreur la plus totale (on est peut-être des grands foufous aussi mais "Barbarian" fait tellement joyeusement sauter les gonds de sa boîte de Pandore scénaristique que l'on en vient à en demander toujours plus) sont vite balayés par ce sentiment général d'avoir assister à un survival totalement jouissif, blindé de bonnes idées à tous les niveaux et assorti d'une vraie vision pour les mettre en œuvre dans un tout pensé avec talent et audace !
Allez vite visiter cette maison louée par cette pauvre Tess ! Comme elle, vous n'en reviendrez sans doute pas de ce qui s'y trouve.