Alors, c'est ça le phénomène horrifico-critique de 2022 ? L'un "des films d'épouvante les plus inventifs, méchants et flippants de l'année" (© Mathieu Jaborska - Ecran Large 2022) ?
Soit un engouement critique quasi unanime qui vendait du rêve. Un rêve qui s'évapore malheureusement une fois le film lancé. Mais ce serait mentir que de ne pas concéder que le premier acte installe une sacrée montée en tension jouissive et très maîtrisée, même si elle repose sur une tricherie qui aurait dû alerter le masqué.
Une tricherie autour d'un décor sinistré qui portera un sous-texte malaisant sur la pauvreté et les laissés pour compte.
Et puis, il y a ce labyrinthe inquiétant, ces boyaux ténébreux qui rappelleraient presque The Descent, que l'on devine comme antichambre de l'horreur la plus indicible.
Sauf que cette montée en tension, ce cochon de Zach Cregger nous la coupe brutalement, via un écran noir des plus cruels, nous laissant sur une image de violence traumatique et l'apparition choc d'un monstre plutôt réussi.
Le masqué l'a très mal pris, ce sale coup, comme si on lui faisait la nique. Et tout cela pour introduire comme un cheveu sur la soupe un troisième larron détestable, et bien sûr #Metoo friendly, qui ne servira que pour marteler une morale neuneu, digne d'un Gérald Darmanin, selon laquelle il faut être méchant avec les méchants... On croit rêver.
On sent bien que Zach Cregger, avec un tel procédé, cherche à jouer au gros malin en manipulant son public. Sauf que manque de bol, son astuce se retourne immédiatement contre le film qui perd le sentiment d'immersion qu'il avait entretenu jusqu'ici.
D'autant plus qu'après ce révoltant coïtus interruptus, Barbare ne retrouvera plus jamais son influx initial, sombrant dès lors dans l'usage de ficelles grosses comme le poing et des tropes les plus ringards du genre. Le symptôme le plus évident, c'est le coup de cette porte qui s'ouvre et se ferme à loisir, la résurrection du monstre, ou encore les réactions contraires et / ou débiles de certains personnages, voire même totalement hors-sujet. En effet, comment conserver une quelconque crédibilité d'écriture quand on ose mettre en scène Justin Long en train de vérifier s'il peut compter comme surface habitable la superficie du labyrinthe crapoteux découvert sous sa maison ?
Et encore, cher amateur d'horreur, ce n'est même pas le point d'orgue embarrassant de l'entreprise. Car après avoir artificiellement dilaté sa durée et surexpliqué les origines de son monstre, en faisant comprendre que la suite inévitable arrivera, hein, il faudra se taper un climax qui oscillera constamment entre l'hilarant et le consternant. Il faut voir en effet Justin Long, encore lui, qui n'est même pas capable de tenir une arme à feu, encore moins de tirer sur la menace.
Voir de la flippe ou encore de l'invention devant un tel marasme final a de quoi sérieusement inquiéter sur l'état de la critique aujourd'hui, tout comme le bouche à oreille flatteur entourant son lancement sur la plate-forme Disney +.
Surtout quand des oeuvres bien plus dérangeantes comme The Empty Man passent totalement inaperçues, ou encore lorsque l'on se permet de faire la fine bouche devant des films comme Smile ou Relic, offrant bien d'autres images choc avec une tout autre réussite.
Mais bon, ce n'est pas comme si le mauvais goût du masqué, dans le genre, était encore à démontrer, non ?
Allez, juste une petite info pour la route : saviez vous que le distributeur de Parasite, ou encore A24, la boîte de prod' décrétée qu'elle est trop bien, n'ont pas jugé bon de mettre ses ronds dans le financement du film ?
Voilà peut être la preuve la plus évidente qu'à l'occasion de la mise en avant de Barbare, certains coquins continuent d'éprouver un malin plaisir à faire passer des vessies pour des lanternes...
Behind_the_Mask, ♫ Sweet home à la mamma...♪