Plutôt la vie.
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Noboru est un jeune médecin carriériste et nouvellement diplômé arrive dans une clinique rurale. Il fait la connaissance du lieu, et nous avec lui, à travers le regard d’un jeune interne qui va partir et à qui Noboru succède. Toujours, à travers ce regard, nous découvrons « Barberousse », surnom donné au patron de la clinique. Un surnom et une description qui ne sont pas faits pour nous rassurer. Nous sommes conduits à adopter le point de vue à partir des commentaires que nous entendons. Puis l’histoire se déroule et alors nous pouvons nous faire notre propre jugement sur ce mystérieux médecin bourru à la barbe fournie, interprété par un toujours magistral Mifune. Nous suivons alors Noboru et avec lui nous découvrons l'endroit, les personnes et Barberousse.
Barberousse est l’histoire d’un jeune homme dont les valeurs sont revues de fond en comble au contact de la mort, de la souffrance et du comportement de ce médecin hors norme avec qui il entre en conflit dans un premier temps. C’est un éveil progressif, douloureux qui l’affecte dans son corps tellement le choc est profond.
Le véritable médecin est décrit dans ce film non comme une sommité respectable, mais comme celui qui soigne non seulement les corps mais aussi les psyché brisées par la vie, qui devine ce dont l’autre a besoin comme l’écoute, le respect, la dignité, la guérison des blessures intérieures, et les moyens matériels de vivre.
Le patron ne voit pas comme nous, quand il ausculte un malade, il ausculte aussi son âme. Par exemple pour Rokusuke, il a senti un terrible malheur enfoui sous son silence.
Barberousse appartient à ces chefs d’œuvres cinématographiques où tout sonne juste, où tout est à sa place : la composition soignée des plans, les ombres, la musique, les silences. C’est aussi un film exigeant par le sujet dont il traite, sa longueur et le rythme qui prend son temps et déroule sous nos yeux un rude quotidien. Pourtant si le rythme est lent, le film comporte aussi des scènes spectaculaires et impressionnantes comme l’attaque de la femme « mante religieuse » ou la scène durant laquelle Barberousse recoud une femme au cours d'une opération chirurgicale.
Ce film verra malheureusement la fin de la longue collaboration fructueuse entre Kurosawa et Mifune en raison de désaccords sur le tournage. C’est le 17e film qu’ils ont tourné ensemble. On ne peut penser à l’un sans penser à l’autre tellement leurs carrières se sont construites ensembles.
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Créée
le 21 déc. 2024
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