Instants suspendus de la vie dans le halo dramatique des ombres. Du regard empathique à la grandeur d’âme, le chemin mène à la compassion.

J’ai été touchée par les personnages, l’histoire, la mise en scène de cette fresque humaine et sociale qui va faire coexister un parcours initiatique existentiel émouvant et une réflexion sur des thèmes qui restent contemporains : préjugés, misère sociale, souffrance humaine et même l’accompagnement de la mort. Cela à travers des portraits poignants de femmes et d’hommes, ces ces tranches de vie exposées ressort la thématique de la compassion. Comme il est dit dans le film: « ne jamais détourner les yeux » de la souffrance et de la mort, fussent-elles insupportables » Barberousse est un personnage complexe mais il possède une telle qualité d'écoute de l’autre qu'il évoque un domaine que je connais bien : la psychanalyse (je pense à cette scène où Barberousse explique au jeune que formuler un diagnostic n’est pas tant repérer des symptômes que percevoir et prendre en compte l’histoire d’un homme derrière son cas, c’est-à-dire ses deuils, ses drames, ses liens , ses passions. Du grand art !

Par ailleurs, la collaboration entre Mifune et Kurosawa s’est arrêtée avec ce film. Le réalisateur lui a reproché de n’en faire qu’à sa tête en ce qui concerne le portrait de Barberousse. Il aurait préféré privilégier un personnage plus sobre et Mifune en fit un homme complexe, parfois violent. Kurosawa a dit notamment « C'est dans cette (dernière) direction que j'aurais voulu pousser le personnage. Malheureusement Mifune n'a rien voulu entendre. Il a voulu jouer le personnage qu'il avait en tête, une sorte de héros sublime sans peur et sans reproche, et donc fatalement aussi sans humanité. Son interprétation héroïque, granitique, austère, a faussé le personnage. Barberousse, à mon avis, devait être le portrait de cet homme intégral, un mélange d’ombre et de lumière : pour être crédible, Barberousse devait avoir des défauts. Mifune n’a pas voulu m’écouter. Alors j’ai décidé de ne plus travailler avec lui. Quand un acteur commence à jouer son propre personnage, c’est fini. » Quel dommage!

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le 8 août 2024

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