Sur le papier aller voir un film à l’effigie de la parfaite petite poupée Barbie ne m’emballait pas, mais la présence de Margot Robbie dans le rôle principal attisait tout de même ma curiosité. Et je dois dire que ce dernier est une belle surprise même si le côté « féminisme caricatural » fera parfois grincer des dents.
Nous rentrons donc dans l’univers rose bonbon de Barbie Land, un royaume parfait dans lequel Barbie mène une vie idyllique. Ce sont les femmes qui occupent les postes à haute responsabilité (médecins, politiques, etc.) et les Ken sont les accessoires de ces dernières. Jusqu’au jour où Barbie se pose subitement des questions existentielles ce qui l’amènera à avoir un peu plus « les pieds sur terre » et surtout à franchir le monde réel des humains afin de trouver les réponses à ses tourments.
D’entrée de jeu ce qui nous frappe, c’est le soin apporté aux décors de Barbie Land. Les maisons en plastique, la fausse plage, la fausse piscine, le faux mobilier, jusqu’à la manière dont se meuvent les personnages, l’univers jouet est bien représenté. Et c’est d’ailleurs ce côté très faux qui nous fera en premier rire (la scène de la plage). Pour ce qui est des personnages, ils sont tous extrêmement caricaturés, mais en même temps, c’est « Barbie et Ken » et cela sert à la comédie. Des chorégraphies musicales, ainsi que certaines références à la culture populaire viendront enrichir le côté comédie.
Une fable féministe
Au-delà de cet aspect, le film est aussi une fable féministe. La bascule la plus marquée se fait lorsque Ken et Barbie pénètrent dans le monde réel.
Barbie se sent mal à l’aise et en insécurité face aux comportements et regards insistants des hommes. Elle découvre que les postes à haute responsabilité sont occupés par des hommes avec comme étude de cas l’entreprise Mattel (le côté méta est très à la mode dans les blockbusters, j’ai l’impression), puisque la société qui crée Barbie est dirigée par des hommes. Cocasse lorsque l’on construit des jouets destinés aux jeunes filles et censé les représenter.
Une autre critique est celle des diktats qu’impose le patriarcat sur les femmes vis-à-vis du corps parfait que ces dernières doivent avoir et des comportements attendus d’une femme intègre et parfaite, illustrée dans un monologue de Gloria, maman humaine jouée par l’actrice America Ferreira.
L’autre point, qui fera grincer des dents est celui de la bataille des sexes.
Spoil : Ken se sentant enfin existé dans le monde des humains ramène le patriarcat dans Barbie land. Ce sont désormais les hommes qui dominent dans ce monde « parfait ». Barbie découvre ce changement avec stupeur, et après une bonne grosse dépression et crise existentielle décide de renverser la tendance en montant les Ken les uns contre les autres, en jouant de leur charme.
Les Ken sont tournés au ridicule, montrant qu’ils sont en permanence demandeurs d’attention, ne peuvent rien faire sans les Barbie et mènent des guerres juste pour une question d’ego (assez simpliste et faux comme représentation).
La représentation des hommes est assez dénigrante et l’issue de la bataille des sexes est un retour en arrière où les Barbie gouvernent de nouveau Barbie land.
Un dialogue a lieu entre Ken et Barbie ou ce dernier défend tous les bons côtés que les Barbies ont, et Barbie s’excuse si cette dernière l’a dénigré à un moment donné… tout en refusant à la fin d’intégrer les Ken à des postes importants, le travail étant un facteur clé pour s’intégrer dans la société.
On regrettera sans doute une issue plus « égalitaire » dans Barbie World, "le monde parfait" où les hommes et les femmes pourraient prendre le pouvoir ensemble au lieu de chercher chacun à dominer l’autre.
Au final on ressort de la salle divertit avec la note positive du fait que les femmes peuvent être fortes et indépendantes. Barbie a évolué avec son temps et représente dorénavant cette idée(vraiment?).
Si la réalisatrice signe là une oeuvre qu'elle a réalisé avec le coeur, on ne peut s'empêcher d'être sceptique sur le côté mercantile et du nombre de Barbie qui va se vendre à la suite de ce film.