Je suis allé voir Barbie sans avis ni m'être informé à quoi il fallait s'attendre. Je me suis installé avant tout le monde dans la salle, en fin d'après-midi, en semaine de vacances. Je pense que l'avoir visionné en VO m'a épargné d'une ribambelle de fillettes venues bouffer du rose jusqu'à l'indigestion. Cependant, c'est mes narines pleines de mauvais sent-bon suggérant les fruits et le sucre qui m'ont alerté sur la cible probable de ce film : les femmes trop jeunes pour amener leurs propres enfants et trop vieilles pour en être encore elles-mêmes. Et en effet, j'ai pu profiter des lumières encore allumées pour voir nombreuses jeunes femmes vêtues de roses et de maquillage bariolé. Était-ce pour l'occasion ou habituel ? Je ne sais pas. Mais tout laisse à penser que ces spectatrices ne sont pas étrangères à l'influence que Barbie a eu sur des générations entières de petites filles.
Et les premières scènes du film annoncent le ton : l'absurde. Le parti pris désamorce toute tentation que le spectateur aurait d'entrée de jeu de rationaliser ou critiquer ces poupées en plastique véhiculant des standards physiques créant des complexes chez la quasi totalité des femmes. En effet, le film nous rappelle à chaque scène à quel point il a conscience de la sensibilité du sujet qu'il aborde. Car, bien que le début du film laisserait penser que Mattel fait une pub sans substance, nous sommes rapidement rassurés par sa nuance. Le comique par l'absurde est ici très efficace et c'est ce que j'ai préféré. La réalisation apporte de la profondeur à la candeur d'une égérie pour jeunes filles. Là est l'intérêt du film : ne pas être tombé dans la facilité de n'être appréciable que des filles, jeunes, et ayant joué aux poupées Barbie. Non : ici ça brise le 4ème mur à plusieurs reprises, ça fait des références à Matrix et 2001 l'Odyssée de l'Espace, ça parle de vagin et d'idées noires. L'humour est très bien dosé et cela réside notamment dans le décalage entre la rationalité et et l'imagination des enfants, dans leur façon de projeter leurs vision du monde sur des jouets, le tout mis en beauté par les dialogues et les jeux des acteurs.
Une fois la candeur du monde rose et superficiel de Barbie mise de côté, que reste t-il ? À mon sens, un discours assez lisse et insipide sur le féminisme et la parentalité. En même temps, on ne peut pas leur en vouloir de ne pas choquer sur ce thème là... mais on aurait sûrement apprécier un peu plus de fulgurance dans la façon d'amener la morale. En fait, le film est plus pertinent avec l'humour absurde et raconte plus de choses par ce ressort plutôt que qu'au travers de dialogues sérieux. Et ces dialogues m'ont du coup un peu gêné et sorti du film. Toute proportion gardée, le film a un bon rythme. Mention spéciale aux chorégraphies et chansons, complément dans le thème et qui ont toute leurs places dans ce monde. J'ai trouvé très belle la manière d'amener le discours sur la façon dont on se définit en tant qu'individus.
Une très bonne surprise que je recommande.