Mais quel incroyable hold-up que ce film que personne n'attendait !
Lorsque la Warner annonce une adaptation de Barbie au cinéma, la plupart des gens y voyaient déjà un bon bide à gros budget venir. Qu'allait on bien pouvoir inventer comme histoire pour justifier son passage au grand écran ? A qui peut bien s'adresser ce film en dehors des filles de 4 à 10 ans ?
Et puis on a eu un doute... 150 millions de dollars de budget pour un film pour enfants ?! La Warner a-t-elle perdu le sens du commun ?... Et un très sérieux doute lorsque Greta Gerwig est annoncée à la réalisation ET au scénario du film. Mais dans quoi s'est embarquée la réalisatrice de "Lady bird" et de la très belle réécriture des "Filles du Docteur March" en 2019 ?
Et ben certainement pas à quoi ce que tous le monde s'attendait !... Enfin pas que... Car oui, formellement, le film respecte à la lettre la charte graphique de la licence de Mattel et le budget colossal se voit à l'écran dans des décors kitschissimement roses où tout a été inspiré de réels jouets de la marque. Un effet Wouaw donné par la bande annonce, qui donnera immédiatement envie de voir le film rien que pour ça.
Mais arrivé dans la salle, le film commence par une séquence parodiant l'ouverture de "2001, odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick ! What the fuck ? D'ailleurs le film multipliera les clins d'oeil à de très nombreux grands classiques du cinéma ("Le magicien d'Oz", Grease", "Jurassic parc", "Monty Python sacrée graal", "Matrix", etc... etc...). Puis passé la découverte esthétique très impressionnante, on se rend vite compte, que le film se parodie lui-même, dans des gags auto-critiquant les travers de la poupée bimbo, allant jusqu'à faire son auto-critique masochiste sur la politique commerciale de Mattel, qui produit pourtant le film.
En apparence tout est beau, jolie, on sourit, on chante, on danse, on se moque, ça cabotine même pas mal dans le jeu des acteurs, faignant la comédie tarte à la crème. Et pourtant, il y a bien une seconde lecture du film, qui est une sévère satire du conflit hommes / femmes dans leurs positions sociales du monde moderne. Un discours qui vaudra au film d'être interdit de projection dans plusieurs pays musulmans, où la condition féminine n'est pas très enviable. Voilà un peu de cynisme travestie que personne n'avait vu venir. Dans ce sens, le film vaut bien d'être comparé aux meilleurs comédies de Billy Wilder.
Et puis enfin, il y a le phénomène Barbie, un succès planétaire que personne n'avait imaginé à un tel niveau. La Warner avait au départ programmé le film pour contrer la sortie de "Oppenheimer" de Christopher Nolan, un fidèle de la major qui venait de claquer la porte pour aller chez Universal après que la Warner ai voulut imposer une nouvelle politique de distribution au réalisateur. Leur stratégie revancharde, n'aura pas empêché le public de faire un triomphe aux deux films. Mais peut-être ne s'attendaient ils pas à ce que "Barbie" devienne le film le plus rentable de toute l'histoire du studio.
Indéniablement, le succès de "Barbie" appellera à une suite... Mais là, Greta Gerwig a mis la barre très haut ! Mais que faire après ça ?...