Iñárritu est un réalisateur adulé mais qui provoque une certaine répulsion par ce que l'on pourrait juger comme un trop plein admiratif de la part de la critique et aussi d'une mise en scène qui peut paraître complaisante et pas toujours justifié ( certaines séquences de The revenant ne flirtent-elles pas avec de la poudre aux yeux ?).

Personnellement, Iñárritu est un réalisateur que je trouve talentueux. Je ne comprend pas toujours vers où il va ou ce qu'il veut dire (pas que je trouve le message abscons, plutôt qu'il a du mal à s'exprimer) mais toujours est-il que son talent n'est pas négligeable et qu'il est un réalisateur qui compte aujourd'hui.

Il s'agit ici de son premier film depuis The revenant. Il avait entretemps réalisé le court métrage Carne y arena en réalité virtuelle qui a l'air fascinant. J'espérais qu'il parvienne à se renouveler et qu'il ne reparte pas sur un troisième film accumulant les plans séquences prodigieux qui en deviennent presque mécaniques. Alors... il y en a, mais pas que. Ce n'est pas lourdingue quoi.

Evacuons dès le début ce qui peut déranger. Je ne trouve pas le film aussi complaisant et mégalo que certaines critiques notaient. En revanche, il est vrai que certaines scènes sont de trop ne paraissant là que pour pouvoir désamorcer la peur de la complaisance : la scène avec le présentateur télé qui critique grosso modo le film en est le paroxysme. La logique onirique du scénario est sa force mais aussi sa faiblesse. Cela rend le film inventif mais il fait trainer aussi le récit sans avoir trop de direction vers où aller. Alors oui il y a la remise du prix mais bon. Donc assiste parfois indifférent à ce qui nous est montré par le manque de tissu narratif qui nouerait le tout. J'ai l'impression de comprendre Silverio Gacho, pas de le connaître suffisamment.

En revanche, sa gratuité est aussi sa force première. Toujours étonnant, le film surprend par ses idées inattendues : la scène de la montagne de corps, toutes celles avec de l'eau, la danse sur Let's dance sans instruments, la rencontre avec le père défunt dans les toilettes,... Alors oui, parfois les greffes sont visibles : Les fraises sauvages et le voyage vers la remise d'un prix, Les harmonies Werckmeister avec la scène sur la place la constitution, Malick, Tarkovsky,... Mais celles-ci sont toujours faites avec une foi aveugle en ce qu'il fait et ces reprises de motifs et de thèmes ne sont pas non plus blâmables.

Alors oui le film est parfois gauche et un peu lourd dans une répétition par les personnages de choses qui nous avaient été racontées visuellement. Tout n'est pas toujours bien dosé. Mais à titre purement personnel, je préférerais toujours un film qui en fait trop et qui sort des carcans plutôt qu'un film bien sage qui respecte les règles. On peut être lassé et hermétique par la proposition parfois boursoufflé, mais laissez vous emporter par ce poème visuel et vous serez enchantés par l'envie d'Iñárritu de vous sortir de votre zone de confort. Et qui sait, vous serez peut-être émus.

Adr1-Van-Zant
8
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le 18 déc. 2022

Critique lue 560 fois

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Adr1-Van-Zant

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