Produit par Netflix mais diffusé en salle à Bruxelles, le dernier film du cinéaste mexicain est absolument épouvantable. Procurant un ennui colossale, les magnifiques images qui se succèdent à l’écran n’intriguent jamais et exaspèrent par leur prétention.
Silverio, journaliste et documentariste mexicain réputé vivant à Los Angeles, doit recevoir un prix international prestigieux, celui-ci rentre dans son pays natal, sans savoir que ce simple voyage va le confronter à une terrible crise existentielle. Ses souvenirs et ses angoisses ressurgissent à cette occasion jusqu’à l’obséder et à le plonger dans un état de confusion et d’émerveillement.
Le film s’ouvre sur une scène pour le moins saugrenue. Le bébé, d’une femme qui vient d’accoucher, annonce à l’obstétricien qu’il ne souhaite pas vivre mais qu’il veut retourner dans le ventre de sa mère. Et le médecin de s’exécuter. La scène suscite la curiosité du film et annonce une promesse : celle d’un film poétique, étonnant, original. La suite démontrera le contraire tant on restera à l’extérieur de ce film.
Formellement, le film est impeccable. La caméra se meut élégamment, la photographie de Darius Khondji est somptueuse et la mise en scène est implacable, maîtrisé. Le film a visuellement tout d’un chef-d’œuvre. Hélas, en bon représentant d’un certain cinéma d’auteur ou d’art et d’essai, Iñárritu oublie de rendre le contenu du film intéressant pour son spectateur. Ici, le spectateur se sent très loin du film qu’il voit car il a été oublié. Le cinéaste n’a fait son film que pour lui-même.
Parlons-en justement du fond. Le cinéaste filme les angoisses, les doutes d’un documentaliste. On comprend dès lors ce que voulait faire le cinéaste mexicain. Il fait une tentative fellinienne et voudrait réaliser son ‘8 ½’ à lui. On y suit en effet les errements d’un documentariste, ersatz du cinéaste. Un seul point dans le film m’a vraiment intéressé. Le documentariste est exilé aux Etats-Unis et retourne au Mexique. On le sent d’ailleurs déraciné. Un parallèle évident se fait avec la carrière d’Iñárritu dont la filmographie (et sans doute la vie personnelle) se mélange avec la culture américaine. Tous ses films ont été nommés aux Oscars. A l’exception du premier, tous sont des productions internationales. Et ‘Bardo’ est le premier film tourné en espagnol depuis son ‘Biutiful’ qui date de 2010.
Je n’ai vraiment rien d’autres à dire sur ce film si ce n’est qu’il est l’équivalent cinématographique à ce qu’on appelle un étouffe-chrétien en pâtisserie. On pourrait même parler d’un étouffe-crétin. Car bien sûr, certains critiques s’éboberont de la beauté des planteurs, de la grandeur du projet. Mais ils en oublieront la vacuité de l’histoire. Conséquemment, la succession de beaux plans rend le film pédant, poseur et prétentieux.