Un vieil homme se lève de son lit médicalisé et installe un appareil photo sur pied pour se prendre. L’appareil se déclenche pendant qu’il se coiffe, l’homme se lève vers l’appareil et s’écroule. Une femme, Shruti, commence alors à raconter l’histoire de cet homme. Elle regrettait de n’avoir aucune photo satisfaisante de lui mais il lui avait promis qu’avant de mourir, il lui en ferait une, qu’elle pourrait l’encadrer et "Barfi a toujours tenu ses promesses".
Sur un scénario original, qu’il a écrit, Anurag Basu réalise un film plein de poésie, d’humour, d’inventivité. À la croisée d’univers à la Tim Burton, Wes Anderson ou Jean-Pierre Jeunet, il développe un monde très personnel. Unique et en même temps universel, celui de Barfi, personnage d’une liberté absolue, animé par une joie et une soif de vie inextinguible. C’est son histoire, que Shruti, le premier amour de Barfi, va conter, avec tendresse et nostalgie.
Sourd et muet de naissance, élevé seul par son père, Barfi est résolument optimiste. Sa fantaisie et son émancipation naturelle des codes et des convenances lui valent d’être régulièrement poursuivi par Sudhanshu Dutta, l’officier de police local pour des nuisances, des dommages ou des larcins mineurs. Malgré les troubles qu’il occasionne Barfi est aimé de tous, il pose sur le monde qui l’entoure un regard sans préjugés, positif et ouvert, insensible au jugement.
Anurag Basu, à travers les péripéties de son héro, entraine le spectateur dans un monde prolifique, sans décors artificiels, où les personnages sont le cœur de l’histoire. Ce qui rend le récit si attachant, outre l’intrigue amoureuse atypique entre Barfi (Ranbir Kapoor) et Jhilmil, jeune femme autiste superbement interprétée par Priyanka Chopra, c’est cet esprit bohème, créatif, affranchi du regard des autres. Cet esprit à la Chaplin, à la Keaton, auxquels Anurag Basu rend hommage, cet optimisme naturel, cette attention à l’autre sans calcul, ce vent de liberté et de poésie sans rébellion, cette émancipation innée sans provocation.
Barfi est un très beau film, tendre, émouvant, positif avec des personnages emportés par la grâce communicative de son héros. Un film à l’image du barfee (pâtisserie à base de lait, homonymie volontaire ?), qui laisse aux pupilles une douceur légère et profonde qui perdure bien après la dernière image.