Barquero, c'est le pari d'unir le western classique américain et le western spaghetti, certes le western américain après le triomphe Leone à quelque peu changer. Toute fois, Barquero est une sorte d'hybride qui joue avec cet aspect, c'est d'ailleurs très flagrant : Lee Van Cleef icône du western italien et Warren Oates proche du cinéma ricain. Un spectacle jetable à première vue, mais ce film est plus subtil qu'on pourrait le penser.
En gros, c'est l'histoire deux hommes, l'un menant un gang et l'autre un simple passeur entre les rives d'une rivière. Mais après avoir pillié une ville Jack Remy n'as pas d'autre choix que de franchir la rivière dont des résistants d'une petite ville menaient par le barquero lui font face. Du moins gagnent du temps en attendant l'armée et l'évitant ainsi de fuir les Etats-Unis.
La première bonne idée du réalisateur est d'inverser les rôles de ses icônes : Lee Van Cleef en "bon" avec personnage très américain et un bad guy très italien pour Oates. En gros, c'est l'histoire deux hommes, l'un menant un gang et l'autre un simple passeur entre les rives d'une rivière. Le reste du casting est exemplaire surtout les trois autres personnages secondaires. Deux femmes très charismatiques en totale opposition d'ailleurs : l'une très masculine et l'autre ultra-féminine, et elles ne sont pas si inutiles que ça dans le récit. Mais le personnage secondaire le plus intéressant est celui que j'appelle le cerveau, étant le second de Jack Remy (la brute). Un personnage donnant un intérêt encore plus intéressant en suivant le parcours du gang. Rappelant d'ailleurs les nombreux duos de personnages utilisé dans les œuvres sur la révolution mexicaine (Ex: El mercenario de Sergio Corbucci). Mais Lee Van Cleef ou du moins, son personnage n'est pas seul avec ses deux "belles" dans son combat, il est appuyé par un trappeur très charismatique qui permet un petit duel de génération. Un casting et des personnages donnant une véritable valeur ajoutée à l'œuvre.
Le second moteur du film est sa scission en deux parties qui font honneur aux deux genres du Western. La première très italienne fera plaisir aux amateurs du genre : scènes de violence, préparation et attaque d'une ville, de l'action et du sang donc. Mais dans cette partie présente également les protagonistes lors de la phase de préparation (le calme avant la tempête en quelque sorte). Alors il est vrai que la violence à elle seule ne suffit pas, il faut des scènes marquantes. Mais dans cette partie présente également les protagonistes lors de la phase de préparation (le calme avant la tempête en quelque sorte). Pour ma part, le plus marquant reste l'attaque de la grange où sont postés les Yankee défendant la ville. Ou plutôt sauvant leur peau, étant donné que la plupart des citadins sont déjà au paradis (ou pas).
Après cette première partie très rythmée et agitée ou la sang coule à flot, notre ex-confédéré le grand Remy part avec le magot d'une ville victorieux donc. C'est pourquoi il doit rejoindre le Mexique avec son gang avant de partager le magot et vivre une nouvelle vie avec des chicas et de la tequila. Oui car il risque d'avoir l'armée au cul si je puis me permettre. C'est ainsi qu'on entre dans le second acte qui est la chute lente d'un conquérant et vainqueur. Cette seconde partie est la rencontre et le duel entre les personnages Lee Van Cleef et Oases.
Ce dernier acte est un magnifique duel asphyxiant et pesant entre nos deux gringos et la nature représentée par la rivière, on entre d'ailleurs dans un certain combat psychologique. Ou à n'importe quel moment, tout peut basculer dans chacun des deux camps. Les pionniers menaient par le prêtre contre le barquero pour répondre aux exigences des bandits, et de l'autre côté mutinerie et confits dus à la perte d'aura du leader, qui entre peu à peu dans la folie et la perte de contrôle. Cet acte est très riche en scènes marquantes, d'ailleurs à partir d'un moment El Indio s'invite dans le film. Deux scènes restent tout de même au-dessus du lot et permettent au film d'entrer dans les westerns à voir. La plus intéressante est entre Remy et la rivière, car ce dernier après avoir appris que son ennemi est venu récupérer un otage sous leurs yeux, vide son chargeur dans l'eau, qui est son frein et obstacle à sa victoire et ascension. À première vue relativement banal. Toutefois, Douglas et son acteur arrivent à surprendre le spectateur que nous sommes, tout simplement un moment bouleverse et fascinant. La seconde scène marquante de ce chapitre est la scène avant le duel final ou le cerveau met en place son plan d'invasion et de débarquement en radeau pour s'emparer de l'autre rive et du bac. Avant-dernière scène d'action où stratégie et ruse sont à l'honneur. Et il faut avouer qu'au-delà de l'attaque en elle-même, c'est le dénouement qui est ingénieux. Rage, cadavres flottants, et chute définissent au mieux le final.
Barquero est un bon western sous-estimé, sûrement parce qu'il n'est pas très ambitieux en termes d'écriture. Toutefois, Douglas et son acteur arrivent à surprendre le spectateur que nous sommes, tout simplement un moment bouleverse et fascinant.