Un beau film ? ou un film beau ? certainement les deux à la fois tant Kubrick s'est attaché à soigner méticuleusement ses plans, ses décors raffinés et ses élégants costumes, constituant ainsi un cadre somptueux aux aventures picaresques de son héros dans ce fastueux Siècle des Lumières. Sa reconstitution historique vise donc beaucoup plus la beauté formelle que la fonction purement réaliste, mais quoi qu'il en soit, l'ensemble qui bénéficie d'éclairages superbes à la chandelle, sert d'écrin aux turpitudes d'un coquin parvenu, hédoniste, arriviste et couard, bercées par les mélodies incomparables de Mozart, Haendel ou Vivaldi qui correspondent parfaitement au sujet et au décor. Cet esthétisme feutré constamment visible au long du film peut aussi générer une sophistication altière et une certaine froideur, mais tout ceci témoigne du perfectionnisme exacerbé de son auteur ; moi qui ne suis guère friand du XVIIIème siècle avec tous ces précieux poudrés et perruqués lorsque le sujet est traité sérieusement, je ne me suis pas ennuyé en dépit d'un côté statique, je me suis laissé porter par la beauté des images et par les acteurs de cette peinture fascinante de la décadence cynique.