Je me lance timidement dans ma première critique, terme que je trouve inadapté pour ce que j’écrirai dire ci-dessous, étant donné que je vais tenter de retranscrire une impression plutôt que de produire une analyse ou un jugement.


C’est de ce qui est pour moi une œuvre d’art par excellence du cinéma dont je vais vous parler : Barry Lyndon. Mon film préféré, le premier film que j’ai pu juger comme tel, le premier qui m’a faite pleurer non parce qu’il était triste mais parce qu’il était beau, le premier devenu une véritable obsession qui m’a conduite à le regarder toutes les semaines pendant près d’un an (j’avoue que mes notes en ont un peu pâti) et celui qui m’a fait comprendre quelle était ma conception de la parfaite œuvre d’art.


Je ne pense pas qu’il y ait un unique critère pour juger de la qualité d’une œuvre, car ça reviendrait à dire que nous y cherchons tous la même chose. Moi, et je l’ai découvert avec le film de Kubrick, ce qui me permet de dire d’un film que c’est un véritable chef d’œuvre est sa perfection, que je relierai à la beauté. Cela sera peut-être plus simple à comprendre si je décris ce que je ressens face à ce film.


Je trouve qu’il est incroyablement beau, car tout semble être exactement à sa place : la musique, les images, les dialogues, les voix… Je qualifierai volontiers ce film de tableaux, ou de morceau de musique ; l’ensemble est si parfait qu’on peut le regarder et l’écouter de manière totalement passive, sans y réfléchir, sans porter d’intérêt à l’intrigue ou aux divers messages transmis par le réalisateur. (C’est amusant comme en écrivant ses pensées de nouvelles nous parviennent : je me demande si ce que je décris là ne correspond pas au désintéressement kantien face à l’oeuvre d’art. Si quelqu’un est informé sur le sujet, j’aimerai beaucoup qu’il en discute avec moi !)
Barry Lyndon, à chaque fois que je le vois, je ne fais que le contempler, et me prendre comme un raz-de-marée une énorme émotion que je n’arrive pas vraiment à qualifier.


Ce qui illustre le mieux cette impression de totale absence de l’esprit est que, quand je regarde ce film, j’ai l’impression de l’avoir oublié. Je m’explique. Je pense être capable de décrire toutes les scènes unes à unes quand je ne suis pas devant ma télé, mais quand je suis devant en train de le regarder, pas une seule seconde je ne pense à ce qui va suivre, ni même n’ai l’impression de déjà avoir vu une scène (ce qui m’arrive pour les autres films que je regarde). Il y a comme une réactualisation de la découverte à chaque visionnage, et je pense que c’est lié au fait que je suis totalement passive quand je vois ce film, en quelque sorte dénuée de pensées ou de réflexions.


Par conséquent, et c’est assez étrange, je déteste l’idée d’analyser Barry Lyndon sur le plan technique. Je pense que c’est parce que je crains qu’en commençant à étudier les plans, les discours, j’introduirai de la réflexion dans l’expérience que j’ai à l’œuvre, ce qui risquerait de dégrader celle-là.


Enfin voilà (petite formule maladroite pour exprimer mon inconfort à exprimer tout ça), j’hésitai à écrire ceci, car je ne suis pas sûre de bien retranscrire quelque chose de très personnel, et que moi-même j’ai du mal à comprendre… j’espère que ce n’est pas trop maladroit !

Créée

le 13 déc. 2017

Critique lue 376 fois

10 j'aime

11 commentaires

SoundandFury

Écrit par

Critique lue 376 fois

10
11

D'autres avis sur Barry Lyndon

Barry Lyndon
Anonymus
10

Critique de Barry Lyndon par Anonymus

Ah ! Redmond... Ce film nous amène à "la grande question cinématographique" : comment un personnage, si bien vêtu, filmé avec tant d'art, de science et de goût, dans des décors naturels si somptueux,...

le 2 déc. 2010

189 j'aime

24

Barry Lyndon
KingRabbit
9

Comment créer de l'empathie pour un odieux connard ?

Un type qui vient de nulle part, à l'égo démesuré, effroyablement jaloux, qui va vouloir aller au top du top... Qui va gravir les échelons, devenir un champion de l'escroquerie, un opportuniste, un...

le 31 janv. 2014

109 j'aime

9

Barry Lyndon
DjeeVanCleef
10

#JeSuisKubrick

Ça avait commencé comme ça, sur rien, une de mes peccadilles quotidiennes, l'occasion immanquable d'exposer ma détestation quasi totale du dénommé Stanley Kubrick, génie du 7ème Art de son état. Et...

le 29 juin 2015

106 j'aime

17

Du même critique

Jacques le fataliste
SoundandFury
8

Ô Muse, conte moi l'aventure de l'Inventif

"On ne sait jamais ce que le ciel veut ou ne veut pas, et il n'en sait peut-être rien lui-même" Cette citation est la parfaite justification des déambulations que le lecteur suit avec Jacques le...

le 5 janv. 2018

8 j'aime

2

Le Complot contre l'Amérique
SoundandFury
6

Critique de Le Complot contre l'Amérique par SoundandFury

Le jour où j’ai commencé Le Complot contre l’Amérique, on m’a dit que c’était un peu dommage de découvrir Philip Roth avec celui-là. Je l’ai continué, car je n’ai pas pour habitude ni n’aime laisser...

le 27 janv. 2019

3 j'aime

1