Barry Lyndon ce n'est pas seulement un film à l'esthétique irréprochable. Est-ce nécessaire de revenir sur ce magnifique éclairage à la bougie sur certaine scène d'intérieur, sur la majesté des paysages, et sur ce merveilleux échantillonnage des meilleures symphonies? La beauté visuelle de ce film est parfaitement admise par tous. Aussi nous nous concentrons sur le fond.
Comme quasiment tous les films de Kubrick, Barry Lyndon est un film en deux parties. La première relate la formidable ascension sociale de Redmond Barry dans ce siècle où le statut de chaque individu semble bien ancré dès sa naissance. Issu de la petite noblesse irlandaise sans le sou, Redmond est contraint de s'engager dans l'armée britannique comme simple soldat. Le sentiment de n'être pas à sa place au milieu de ces rustres forge le caractère du jeune Redmond, et nait en lui cette volonté de réussir par tous les moyens. Il tente de fuir la guerre de sept ans mais il est démasqué par un officier prussien (allié de l'Angleterre) qui l'enrôle de force dans ses rangs. Il gagne la confiance de cet officier qui, une fois la guerre finie, le fait engager au sein de la police secrète prussienne. Sa mission est de surveiller le chevalier de Balibari, un joueur invétéré suspecté d'être un espion. Le chevalier de Balibari proposant de meilleur perspective de réussite, l'ambitieux Redmond trahit ses engagements (semi-forcé) envers la couronne prussienne et s'enfuit avec le chevalier.
Redmond devient le partenaire de Balibari, ensemble il triche au carte, extorquant des sommes d'argents faramineuse au plus grands d'Europe. Le patient Redmond attend son heure qui finira par arriver. En effet il fait la rencontre du comte Lyndon, âgé et malade, qui marié à une très belle et jeune femme, qui assurément héritera d'une forte somme prochainement. Dès il s'emploi corps et âme à séduire la comtesse pour assouvir sa soif de pouvoir. Le plan machiavélique réussit, il épouse la comtesse seulement quelques jours après le décès du comte. Redmond Barry prend le titre tant convoité de comte, et le nom de Barry Lyndon.
Fin de la première partie. A partir de là ça va peut être spoiler.
Barry Lyndon a réussi son ascension, mais la quête de pouvoir est une soif inaltérable. Ici connaitre la jeunesse parsemée de mésaventure du personnage permet de mieux comprendre son désir de vaincre les puissants, qui l'ont tant malmené, sur leur propre terrain. C'est pour cela qu'il n'ambitionne pas moins de devenir l'homme le plus puissant d'Angleterre. Il fait tout pour se faire remarquer de son monarque, notamment en finançant un régiment pour aller combattre les indépendantistes américains. Cependant le fief et les rentes de Barry sont modestes et les ambitieux ne manquent pas. Cette scène où le roi d'Angleterre passe en revue tous les nobles du royaume qui ont fait quelque chose pour se faire remarquer est assez éloquente. Il se ruine en petites attentions pour obtenir les faveurs de son roi, et ce n'est pas la seule ombre au tableau.
La comtesse a eu un fils de son premier mari, et c'est lui qui est sensé hérité de la fortune des Lyndon. Celui-ci à une haine profonde pour son beau-père qu'il considère à juste titre comme un connard arriviste qui néglige son épouse. Sentiment réciproque, Barry n'aura de cesse de pousser le jeune homme à bout par de multiples humiliations. Car il ne suffit pas pour un homme d'acquérir titre et fortune, il faut que ceux-ci restent dans le même sang. Barry aura un fils, qu'il comblera d'attention, car celui-ci comble son plus profond désir qui est désormais de transmettre sa fortune mal acquise à sa descendance. Malheureusement il verra son fils mourir suite à une chute de cheval. Il est anéanti, son beau-fils triomphant. Un duel entre les deux hommes cause l'amputation de la jambe de Barry. Après avoir été vaincu physiquement il est vaincu psychologiquement. Son beau-fils reprend en main la fortune des Lyndon et pousse Barry à l'exil.
L'histoire de Barry Lyndon c'est l'histoire d'une vie, c'est tout. Mais quel vie! Et racontée avec une telle maestria! Portée par un Ryan O'Neal au sommet. Malheureusement les acteurs de Kubrick ont du mal à rebondir, y'a qu'à voir le triste parcours de Malcolm MacDowell. Je sais, trois heures sur la vie d'un seul homme c'est peut-être un peu long. Mais il faut se pousser à rentrer dans ce film, le jeu en vaut la chandelle.