C’est le thème musical de la Follia, emblématique du XVIIIe siècle, qui nous introduit dans ce film d’époque et qui le conclut.
Formellement, c’est superbe. Kubrick a réalisé son film sous forme d’une succession de tableaux. Les costumes, la lumière, les décors, les plans : tout est soigneusement travaillé.
La musique choisie avec soin, l’éclairage en intérieur à la bougie, la lenteur du rythme contribuent à créer la douceur mélancolique qui se dégage de ce film.
Tirée d’un roman de William Makepeace Thackeray, l’histoire racontée est celle d’un roturier opportuniste qui grâce à diverses circonstances mais aussi par ses mensonges et la violence va s’élever socialement avant d’être réduit à nouveau à la pauvreté. Durant cette trajectoire, c’est tout un pan de la société de l’époque qui est déroulé sous nos yeux : les diverses classes sociales, l’armée anglaise et prussienne durant la guerre de 7 ans, puis la noblesse avec son luxe et ses divertissements.
Dans un premier temps, il est difficile de s’attacher au personnage principal : sa vie entière est marquée par le mensonge. Pourtant quand à la fin il perd tout, on se prend de pitié pour lui. C’est un homme pas très fin, pas très moral, mais qui ne vaut pas moins que les nobles qu’il a voulu rejoindre. C’est d’ailleurs le mot de la fin : « C’était sous le règne de George III que ces personnages ont vécu et se sont querellés. Bons ou méchants, beaux ou laids, riches ou pauvres, ils sont tous égaux à présent. »