Vu pour la deuxième fois, mais au cinéma cette fois.
Le grand écran met encore plus en valeur la beauté de ce film.
Sur le plan formel, c'est magnifique. Kubrick a fait son maximum pour reconstituer une atmosphère d'époque crédible. Cela va de l'éclairage à la bougie aux scènes de bataille brillamment orchestrées avec un nombre important de figurants. La photographie est également saisissante. Apparemment Kubrick a voulu s'inspirer de Constable sur certains plans. Certains paysages le laissent penser et c'est une réelle réussite.
Le choix de musiques d'époque participe également à l’immersion dans cette période. L'emploi de la musique classique est judicieux, ainsi que la musique militaire pour les scènes de bataille.
Pour faciliter la narration, le réalisateur a fait le choix d'une voix off assez omniprésente. Dans la durée, je trouve cela un peu lourd par moment. Il y a très peu de scènes suggérées au final puisque tout est décrit. Seul le duel final laisse libre cours à notre interprétation. Comme il s'agit d'un parti-pris de Kubrick, on ne peut donc pas vraiment en faire le reproche.
Sur le fond, on suit donc l'odyssée d'un arriviste un peu capricieux, avec qui le monde est assez bienveillant de prime abord. En effet, dès le début, il provoque un duel pour un amour qu'il juge indépassable. Son entourage établira une mise en scène pour lui sauver la vie. Ce trait de caractère va s’exacerber au long de sa vie. Ainsi, même si il peut paraître sympathique au début, il en deviendra détestable. Ses rares moments d'altruisme sont tournés vers son fils, et surtout dans le duel final avec son beau-fils (qui fait écho à son premier duel). Par ailleurs, il n'hésitera pas à changer de camp au gré des situations, tant que cela puisse le servir. On est donc loin du héros risquant sa vie pour un idéal. Néanmoins, la chute sera tragique pour lui. Ryan O'Neal est parfait dans ce rôle. Il parvient en effet à faire ressortir les failles de son personnage.
Dans cette histoire fleuve étendue sur une longue période, Kubrick parvient à rassembler différentes influences artistiques, qu'elles soient picturales, ou encore musicales. Ajoutez à cela sa maîtrise technique - notamment de l'éclairage - et nous voilà plongés dans le XVIIIè siècle.