Si certains sceptiques se demandent encore si le cinéma tient vraiment sa place de 7ème art, Stanley Kubrick leur répond par la plus belle des manières avec Barry Lyndon.
Mieux, celui-ci démontre que le cinéma n'est pas seulement un art parmi les autres mais un art englobant. En effet, Barry Lyndon se réfère à la fois au théâtre, la peinture, la musique, et la littérature.
S'agissant de la structure du film en elle-même, Barry Lyndon se décompose en deux actes coupés par une entracte. Par ailleurs, l'aspect grotesque (très discret) de certaines scènes fait référence à la comédie tandis que le dessein du personnage rappelle au spectateur qu'il s'agit bien d'une tragédie. L'origine de ce périple historique n'est d'ailleurs qu'une simple machination, un duel truqué. Tout n'est que tromperies et basses escroqueries de la part de ce jeune voyou irlandais finalement si humain.
Le soin des décors, la mise en scène perfectionniste et la qualité de la photographie démontrent le talent immense du réalisateur. Impossible pour le spectateur, après avoir vu ce film, de ne pas se dire qu'il ne verra probablement que peu de films aussi aboutis de son vivant. Les peintures exposées dans l'œuvre suffiraient à remplir un étage entier d'un musée et mériteraient une étude complète pour la compréhension totale du film.
La musique, peu variée mais grandiose, et profondément ancrée à l'époque décrite (le XVIIIe siècle) est parfaitement maîtrisée. La scène de la séduction entre notre cher Redmond Barry et Lady Lyndon est tout simplement magistrale tant la musique s'allie à la perfection avec les mouvements et les sentiments des personnages.
Enfin, les multiples anticipations offertes par le narrateur permettent au spectateur de se concentrer sur l'attitude des personnages (et donc de ne pas être dans l'attente). En effet, il s'agit d'étudier l'Homme, cet être complexe doté de tant d'imperfections à travers notre héros tout sauf hollywoodien.
Barry Lyndon est l'œuvre centrale (et peut-être même la plus complète) du réalisateur américain et annonce les thématiques de Shining (la famille), Full Metal Jacket (la guerre) et Eyes Wide Shut (la haute société et la poursuite de ses fantasmes) qui vont suivre. Un chef d'œuvre, assurément.