D’une petite ferme perdue dans la campagne irlandaise aux cours d’Europe, Barry Lyndon retrace l’ascension de Redmond Barry dans une époque, le milieu du XVIIIe, où l’ascenseur social n’existe pas. Le film nous fait voyager en compagnie de Redmond dans une Europe en proie à une guerre peu connue, la guerre de Sept Ans et qui oppose principalement le Royaume de France au Royaume de Grande-Bretagne. Saisissant toutes les opportunités qui se présentent à lui tout en suivant ce que lui dicte son cœur, le jeune homme finit par épouser la belle comtesse de Lyndon après avoir fui son Irlande natale, s’être engagé dans l’armée britannique puis prussienne et être rentré au service du chevalier de Balibari.
On retrouve toute la magie des films de Kubrick avec ses plans harmonieux. Le cadrage minutieux ne laisse rien au hasard et les costumes et décors apportent une très belle authenticité au film. La bande originale, composée de musiques de Bach, Vivaldi, Schubert ou encore Mozart, renforce le sentiment du spectateur d’assister à des évènements historiques.
A la manière de la roulette russe dans Voyage au bout de l’enfer, le duel au pistolet prend une part importante dans le destin de notre héros. Comme pour la roulette russe, le duel final se joue aussi sur un coup du sort, celui d’un pile ou face dont l’enjeu est de contempler la mort ou de la donner. Kubrick, comme de nombreux réalisateurs, aime utiliser des aléas pour apporter une grande tension lors de situations cruciales.
Comme souvent avec Kubrick, le personnage principal est un individu paraissant stable, aimable, un tantinet naïf et dont le caractère change brutalement. Pour Redmond, ce moment arrive dès son mariage avec la comtesse de Lyndon. Il est tout à coup froid, irrespectueux, sûr de lui et c’est ce qui rend le personnage si attachant et si détestable. A ce moment, Redmond n’écoute plus son cœur, mais sa raison.
L’interprétation des personnages est convaincante, mais c’est clairement la mise en scène qui donne à ce film ses lettres de noblesse. Scorsese avait mis les mots justes pour définir ce que beaucoup de monde ressent en voyant un Kubrick :
Regarder un film de Kubrick, c'est comme regarder le sommet d'une montagne depuis la vallée. On se demande comment quelqu'un a pu monter aussi haut.