Débandade de Sarabande

Kubrick ... On ose jamais faire une critique un tant soit peu négative sans craindre de se faire lapider par les cinéphiles. Malgré cela, je ne peux prétendre avoir adoré Barry Lindon ...

D'accord, la photographie est belle, paysage magnifique, lumière très bien gérée, blablabla. Pourtant, il faut avouer que Stanley Kubrick n'a pas non plus pris de gros risque à ce niveau là. Je veux dire que ses plans sont beaux mais pas exceptionnellement surprenant par leur originalité. Il s'agit d'une beauté classique comme on en trouve dans un certains nombre d'autre films. Des œuvres telles que "The Fountain" ou "Enter the Void" sont eux aussi dotés d'une superbe photographie mais elles, au moins, ont pris un vrai risque visuel. Ce qui les rend d'autant plus marquantes. C'est pourquoi je ne trouve pas non qu'il y ait de quoi en faire des tonnes concernant le visuel de celle-ci.

Du coté du scénario, on a quelque chose de très agréable et de bien développé, contrairement à la plupart des films récents. Cependant, je l'ai trouvé un peu trop développé. Était-ce réellement nécessaire d'étaler le prologue sur une heure et demi ? Il n'y avait peut-être pas besoin d'autant de temps pour exposer la personnalité de Redmond.
Quant à la deuxième partie, j'ai été fort alléché par le ton lorsque les hostilités Redmond-Bullington apparaissent, espérant des déchirements bouleversant, une rivalité passionnée ; Hélas, le film prend le parti de la sobriété. Hormis une petite bagarre pas très méchante et un duel pathétique, ce conflit au départ intéressant est complètement mis à la trappe pour s'intéresser aux problèmes d'argent. Ce qui est bien moins stimulant. Je pense donc que Barry Lindon aurait gagné à raconter une histoire à la fois plus sombre et moins sobre. Bien qu'il y ait tout de même certains événements, que je ne vais pas spoiler, qui remettent un peu d'émotion dans tout ça.
Par ailleurs, la voix off nous vend à plusieurs reprise la "mauvaise conduite" de Redmond, essayant de nous présenter un personnage qui se veut odieux et égoïste. Eh bien, personnellement, j'ai vu plus odieux ... Peut-être est-ce parce que je suis né trop tard pour être offusqué par son attitude, mais franchement, je n'ai pas trouvé que le personnage avait un comportement si mauvais que cela. Il triche aux cartes, il trompe sa femme, et il pense à lui. Je trouve que c'est une attitude plutôt ordinaire, tout compte fait. S'ils avaient plus abouti la "bascule du coté obscur", Barry Lindon aurait été bien plus interessant.

Passons à la musique, puisque je me suis embêté à trouver un titre rigolo.
Bon d'accord, ce n'est pas hilarant. Disons plutôt "curieux".
A l'origine, c'était justement ce point qui m'avait attiré vers notre copain Barry car je ne suis pas spécialement fan de Kubrick. Par contre, je suis réellement fan de Classique ! Il n'y a qu'a voir mon Top 10 des morceaux. Alors, en entendant que la BO de ce film regorgeait de Classique, j'ai exulté !
Malheureusement, je ne l'ai pas trouvé si riche que cela. En fait, il y a ... la fameuse Sarabande, et puis la même Sarabande en pizzicato très grave, et encore la Sarabande. Sérieusement, cette musique m’énervait avant même la fin du film tellement il nous la rabâche. Pourtant, elle est déjà bien assez répétitive comme ça ! Heureusement qu'il y a un ou deux petit Schubert entre temps pour venir nous soulager de cette overdose.

En conclusion, je sais que cela va fortement me donner un air d'anti-conformiste grégaire, mais, de mon point de vue, Kubrick est vraiment surcoté. (Exception faite de 2001, parce que lui, il était culotté !) Barry Lindon est pas mal, mais je ne suis pas non plus sous le choc.
Trop sobre et trop long.