Barton Fink incarne l'artiste qui parvient dans son écriture à exprimer profondément l'homme (ici, un boxeur) et le monde (celui de la rue) sans même les fréquenter. Tout est dans le papier peint qui se décolle : c'est le monde qui fait irruption, et dont l'intuition créatrice se dispense. Barton Fink est idéaliste, élitiste, c'est un auteur coupé complètement de son sujet (« l'homme de la rue »), l'écoutant à peine, insensible au temps présent (la guerre, le destin juif), ne désirant au fond que créer un nouveau théâtre et faire date. En somme, il est quelqu'un de détestable : et pourtant il maîtrise son sujet (et cela d'autant mieux que son scénario ne convient pas aux attentes du producteur hollywoodien). Et pourtant il est génial.