Palme d'or du festival de Cannes en 1991, ainsi que prix du meilleur réalisateur et du meilleur acteur, Barton Fink est sans doute le premier chef d’œuvre des frères Coen. Ceux-ci l'ont écrit durant l'écriture de leur précédent film, Miller's Crossing, alors qu'ils étaient en panne d'inspiration. Ils s'en sont inspiré pour écrire une histoire dans le style qui a fait leur succès. On y retrouve une nouvelle fois John Turturro dans le rôle de Barton Fink, un auteur de théâtre à succès qui tente sa chance à Hollywood. Mais il arrive dans un univers qui lui est étranger.
Seul contre tous
Dans un hôtel aux proportions démesurées, à l'apparence luxueuse mais tombant en ruines, Barton Fink tente tant bien que mal d'écrire son scénario. Mais il est confronté à l'incompréhension de son producteur qui lui réclame un film de catch, lui qui est spécialisé dans les pièces de théâtres sur « l'homme de la rue ». Il doit faire face à un nouvel univers, le monde impitoyable du cinéma. Il doit aussi écrire sur un sujet qu'il ne connait pas en fonction des attentes de son producteur. Barton Fink est seul face à ce monde étranger. Cette solitude est exacerbée par la chaleur, les moustiques l'attaquant, l’hôtel bruyant et délabrée. Il tente d'obtenir l'aide d'un écrivain qu'il admire mais celui-ci est devenu totalement alcoolique. Il obtient seulement un peu de soutien par Charlie son voisin de chambre (John Goodman), un colosse dans les assurances qui semble aussi seul que lui. Malgré leur amitié naissante ils ont du mal à se comprendre, l'un est un intellectuel, l'autre semble être seulement un tas de muscle.
La machine hollywoodienne
Malgré son succès au festival de Cannes, *Barton Fink* n'a pas plu à l'industrie hollywoodienne. En effet le ton est très satyrique. Hollywood nous apparaît comme une grande puissance prête à écraser comme un moustique l'artiste qui ne se conformera pas au système hollywoodien. Comme le dit l'un des personnages « il n'y a pas de moustiques à Hollywood ». Les films doivent faire de l'argent et non de l'art comme le souhaiterait le jeune auteur idéaliste. Le contrat qu'il a passé en fait un prisonnier qui doit se plier au système hollywoodien, « tout ce qui est dans cette tête appartient à Capitol ». Le producteur Lipnick est aussi montré comme un gros lard se prélassant auprès de sa piscine et ne prenant même pas la peine de lire les scénarios, tout ce travail est effectué par son larbin, un ancien qui a échoué dans le cinéma, signe de ce qui risque advenir de Barton Fink.
***Barton Fink* est la critique que les frères Coen opposent à Hollywood, ceux-ci n'en étant encore qu'à leur quatrième film et n'ayant alors pas encore rencontré le succès critique. On y voit la solitude que de jeunes auteurs peuvent ressentir face à la machine hollywoodienne. C'est aussi le film dans lequel leur style commence à se démarquer, réalisation très travaillé et scènes absurdes et cyniques, les frères Coen révèlent ici tout leur talent.**