L'angoisse de la page blanche

Certainement le film le plus énigmatique des frères Coen. Présenté souvent comme une comédie, le film ne prête pourtant pas tant que ça à sourire. Personnellement, je le trouve plutôt angoissant et malaisant.

Barton Fink vient de remporter un franc succès avec sa pièce de théâtre qui traite de la vie prolétaire à New York. Fort de ce succès, le voilà contacté par un producteur hollywoodien pour écrire le scénario d'un film sur ce magnifique sport qu'est le catch. Répondant aux sirènes d'Hollywood dans le but de pouvoir faire connaître son talent au monde entier, il n'a peut-être pas encore conscience qu'il est en même temps en train de vendre son âme au diable. Et le diable, c'est qui ? Peut-être Charlie Meadows, son voisin dans l'hôtel sordide (mais classieux quand même) dans lequel il loge.

Il y a beaucoup de choses dans ce film dont on peut dire qu'elles correspondent à 2 adjectifs complètement opposés:- l'hôtel est classieux et sordide- Charlie Meadows est rassurant et effrayant- Barton Fink est vu comme quelqu'un ayant une imagination folle mais se retrouve coincé devant l'angoisse de la page blanche- W.P. Mayhew se présente comme un auteur à succès, mais tous ses succès ont été écrits par sa secrétaire- La chambre de Barton Fink sombre et oppressante mais ouvrant une fenêtre vers une plage hollywoodienne via un tableau accroché au mur- Le film lui-même qui se présente comme une comédie mais qui angoisse plus que certains films d'épouvante

Au final, le film est pour moi une franche réussite, instaurant une ambiance vraiment très spéciale, et racontant une histoire très originale. Lorsqu'on visionne ce film, au moins on ne se dit pas qu'on a déjà vu la même chose ailleurs 50 fois. Et le nombre d'interrogations laissées sans réponse à la fin du film font qu'on y repense longtemps après la fin du film.En fait ce qui est vraiment bien, c'est que le film est vraiment compréhensible juste ce qu'il faut pour qu'on ne soit pas largué, mais en même temps énigmatique également juste ce qu'il faut pour qu'on se pose des questions et que le film reste dans notre tête.

Un film encensé par la critique à l'époque, pourtant boudé par le public, mais maintenant hissé au rang de classique.