Bashing (2006) pourrait être une histoire vraie, celle des premiers otages japonais revenus d'Irak et du quotidien qu'ils ont du affronter avec leur famille. Si cette histoire reste fictive, elle n'en reste pas moins inspirée de leur vie et des difficultés que les otages ont pu rencontrer à leur retour au Japon. De ce sujet tabou, le cinéaste Masahiro Kobayashi en a tiré un récit remarquable. Il se place six mois après le retour de son personnage principal. À travers les yeux de la jeune Yuko, ex-otage le cinéaste japonais y montre le harcèlement de ses concitoyens qui la méprisent. On la voit subir des agressions verbales comme physiques.
Bashing nous fait vivre le quotidien de Yuko, une martyre entre isolement forcé et brimades. On la voit souffrant en silence de la pression des « autres » qui la minimise au fil du temps. Yuko est victime de la pression sociale qui lui fait perdre son travail, qui la sépare des siens à l'image de sa rupture amoureuse. Rien ni personne même pas sa famille (complice) ne peut combattre cette état de fait. Elle est une pestiférée boulimique pour les gens qui l'aperçoivent. Le paria qui se nourrit constamment du même plat. Une malade qui circule en vélo, moyen de déplacement qui lui permet d'esquiver l'hostilité de chacun. Elle pédale vite de chez elle à la supérette et pédale tout aussi vite au retour pour aller s'enfermer dans sa chambre. Yuko a une dette envers le Japon qui a du céder face aux exigences des terroristes. Une dette pour avoir été enlevée et séquestrée. Yuko choisira la fuite.
Bashing est une œuvre essentielle dans le panorama cinématographique. Filmé de façon intimiste et se rapprochant du documentaire, il est un véritable réquisitoire pour les ex-otages qui sont victimes de harcèlement à leur retour. Un film politique certes mais qui ne manque pas d'être fort artistiquement par sa simplicité de narration.
Les invendus de Made in Asie #135