Un notable de San Francisco est sauvagement assassiné à coups de pic à glace.Tout accuse Catherine Tramell,une riche romancière qui était sa petite amie,mais en l'absence de preuves formelles,elle n'est pas arrêtée.Persuadé de sa culpabilité,Nick Curran,l'inspecteur chargé de l'enquête,poursuit ses investigations,au point de se rapprocher dangereusement de la suspecte, qui le fascine.En ce début des années 90,Paul Verhoeven signe avec "Basic instinct" l'acte fondateur du thriller moderne,qui sera bien des fois imité et rarement égalé.Le réalisateur néerlandais,qui avait effectué des débuts fracassants à Hollywood avec "Robocop" et "Total Recall",confirme ici son don pour un cinéma mêlant violence,spectaculaire et réflexion.Il est bien entouré pour la circonstance avec notamment Mario Kassar,qui produit pour la défunte Carolco,le chef-op hollandais Jan De Bont,futur réalisateur de "Speed" et "Twister" qui était déjà son directeur photo attitré aux Pays-Bas,et surtout Joe Eszterhas,un des scénaristes américains les plus cotés de l'époque,qui livre là un joli exercice de polar vicieux.Eszterhas retravaillera avec Verhoeven pour "Showgirls" et avec Sharon Stone sur "Sliver",et il faut absolument lire son bouquin "American Rhapsody",dans lequel il éclaire les coulisses du ciné et surtout de la politique US,principalement les agissements de Bill Clinton.Bien que supporter du Parti Démocrate,l'auteur révèle les dessous pas propres de Bill la Trique et l'écoeurement qu'il provoquait même chez certains de ses militants.Le film est une déflagration se situant au carrefour de diverses influences,consacrant la rencontre du polar noir américain et du psycho-érotisme européen,du spectaculaire hollywoodien et du naturalisme hollandais,de la virtuosité de Verhoeven et du sens du récit d'Eszterhas.Il est vrai que ce dernier n'est pas un pur ricain puisqu'il est d'origine hongroise.Par conséquent "Basic instinct" marque une importante rupture avec le cinéma étasunien grand public traditionnel de par sa représentation frontale de la violence physique et psychologique et surtout du sexe,les scènes de copulation sauvage étant nombreuses et étalées sans fard,ce qui était pour le moins inhabituel à cette période,et elles font leur effet aujourd'hui encore.Verhoeven use de sa science du cadrage et du rythme pour créer un cadre en apparence calme et voluptueux fait de villas californiennes rupines,de grands espaces lumineux cernés de verre,de bords de mer attrayants,où se meuvent des personnages gravement perturbés mentalement,une ambiance hitchcockienne en somme.Curran est un très bon flic mais il est complètement déséquilibré et se retrouve en Catherine,une cinglée de première d'une intelligence suprême.Ce sont les figures classiques de la femme fatale et du pigeon,sauf que là le type manipulé est plus ou moins conscient qu'il l'est.Il croit pouvoir contrôler la situation mais il n'est pas de taille face à cette mante religieuse qui,diplômée de psychologie,connait tous les points faibles de l'esprit humain et sait actionner les leviers nécessaires,d'autant que Nick,le bien nommé,ne manque pas de failles.Rongé par la culpabilité à la suite d'une sanglante bavure et du suicide de sa femme,il est en proie à toutes les addictions,sexe,coke,alcool,tabac,qu'il partage avec une Catherine manipulatrice à souhait.Il finit par tomber amoureux d'elle et même par croire à son innocence,plus par auto-persuasion et par pulsion suicidaire que par conviction profonde,et tout ça se terminera très mal.L'oeuvre souffre toutefois de quelques scories et semble parfois un peu datée avec son absence de portables,évidemment,et ses ordinateurs antédiluviens,ainsi qu'à cause de la musique trop forte,trop présente et trop lyrique de Jerry Goldsmith.Et puis surtout les protagonistes manquent de profondeur et apparaissent plus comme des archétypes fonctionnels que comme des êtres humains,tandis qu'Eszterhas se noie à la longue dans sa propre dextérité et appuie exagérément sur le tarabiscotage de son script.Dans les rôles principaux,Michael Douglas et Sharon Stone payent abondamment de leur personne et livrent des performances majeures,lui en flic borderline toujours à la limite de la rupture de câble,elle en créature diabolique à la beauté envoûtante,capable des pires provocations comme de la candeur la plus crédible.Jeanne Tripplehorn est également magnifique en victime expiatoire,incarnant le double positif de Sharon,un ange qui à son corps défendant sera punie à la place du démon.George Dzundza est prodigieux en équipier de Curran gardant les pieds sur terre et se montrant nettement plus lucide que son ami.Dorothy Malone,star du vieil Hollywood,apparait fugacement ainsi que des gueules marquantes comme celles de Daniel von Bargen,Stephen Tobolowsky ou James Rebhorn.

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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les titres de critiques auxquels vous avez failli échapper, Top 10 Verhoeven et Top 10 Douglas

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le 26 mars 2021

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