Période assez creuse pour Disney, les années 80 n'ont pas donné naissance à des chefs-d’œuvre mais à des films attachants, remplis d'idées sans pour autant parvenir à concilier un sens du récit affûté à une animation fluide. Ce qui manque le plus ici, c'est le rythme. L'animation a du charme mais les scènes ont souvent l'air plates même quand elles sont bourrées d'action. Et l'intrigue, bien que fleurant bon les aventures de Sherlock Holmes dont Basil est évidemment inspiré, ne dure pas suffisamment longtemps pour que l'on puisse s'y attacher pleinement.
Mais "Basil, détective privé" est tout de même un régal : les décors sont soignés, on y trouve des tavernes mal famées, un magasin de jouet inquiétant et même un affrontement dans Big Ben spectaculaire (avec une utilisation de l'animation par ordinateur pour donner vie aux rouages de la célèbre horloge). Les personnages aussi ont de l'allure : Basil est fringuant, la petite Olivia est attachante, Fidget est aussi drôle qu'inquiétant et puis il y a Ratigan, le Napoléon du crime qui ne supporte pas qu'on lui dise qu'il est un rat. C'est clairement Ratigan qui vole d'ailleurs la vedette du film, doublé en anglais par l'inénarrable Vincent Price qui s'en donne à cœur joie dans un rôle cabotin qui lui va à merveille. Parfois sombre (le son de la clochette de Ratigan fait frissonner) et souvent divertissant, "Basil, détective privé" est un film qui ne manque pas de panache même s'il a aujourd'hui pris un léger coup de vieux notamment dans ses décors à l'arrière-plan, charmants mais trop figés.