Alpha Kappa Omega
Narré par le personnage principal, on suit huit jeunes hommes qui veulent intégrer la fraternité étudiante philippine : mais pour y accéder, ils vont devoir subir durant plusieurs mois différentes...
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le 7 déc. 2023
C'est pour l'instant le film de Mike De Leon le moins intéressant vu jusqu'à présent, très probablement en lien avec le sujet mais aussi avec son traitement. "Batch '81" est avant tout consacré à la volonté pour un petit groupe d'étudiants d'intégrer un club fermé baptisé Alpha Kappa Omega (aka AKO, avec les t-shirts floqués et tout), le pendant philippin des groupes masculins qu'on voit régulièrement dans l'imaginaire universitaire états-unien. La progression du rituel initiatique, tout comme la parabole politique qu'on sent poindre dans l'arrière-plan (le régime dictatorial de Ferdinand Marcos cessa en 1981, justement), nourrit un côté très scolaire un peu pénible à la longue, en égrainant les sévices les uns après les autres. Ce côté très scolaire se retrouve également dans certaines citations plus ou moins directes — "Orange mécanique" est cité explicitement, dans le thème, le maquillage, voire même la musique, mais on peut également penser à "Salò" bien sûr en matière de soumission à l'autorité fasciste.
Le rythme des humiliations qui occupent l'essentiel du film est assez vite lassant, puisqu'il se résume à une série de tortures plus ou moins light et de séquences de bizutage proches du soporifique. Il n'y a pas d'ambiance pesante comme l'autre parabole politique "Kisapmata", et au final l'inconfort travaillé par la mise en scène ne se fait pas aussi puissant que ce qui est visé il me semble. De même la gestion du temps, et le passage des mois, m'est apparu comme écrasé au montage, comme si la succession des brimades intervenait dans un continuum assez réduit, ne laissant pas éclater la dimension psychologique du traitement. Certaines séquences sont plutôt ratées, comme le spectacle reprenant une imagerie nazie avec les étudiants déguisés en femmes façon "Lili Marleen", très scolaire dans son illustration des dérives totalitaires. Pourtant les sévices laissent exploser quelques bulles de violence pas du tout anodines, il y a certes les tapes sur le cul pas fantastiques d'un point de vue cinématographique, mais il y a aussi une sorte d'expérience de Milgram pour tester l'obéissance autant que la confiance envers les "maîtres" (des étudiants plus âgés en charge du bizutage), ainsi qu'une scène quasi-finale de rixe sanglante assez prenante et surprenante — l'accès de violence gore sort un peu de nulle-part, effet garanti.
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Créée
le 16 août 2023
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