Eclairage urbain
Ladj Ly savait pertinemment que son après "Misérables" allait être scruté de très près. Le réalisateur, tout en se renouvelant, reste fidèle à son cinéma engagé et politique axant son film autour de...
le 6 oct. 2023
23 j'aime
Il y a quatre ans, Les Misérables brillaient par l'efficacité à l'américaine de son récit, tourné vers la tension, pour un résultat des plus électrisants. Plus ample, Bâtiment 5 est aussi malheureusement plus confus. Plusieurs personnages se disputent la lumière et on peine à dégager la cohérence de l'ensemble, aucun parcours n'étant exploré de manière satisfaisante pour donner au film un cœur thématique.
Le point du vue du maire (joué par Alexis Manenti) semble accessoire tant on ne comprend pas ses motivations à agir de manière si brutale. Ladj Ly se désintéresse visiblement de ce personnage et semble l'inclure uniquement comme obligation contractuelle, pour montrer patte blanche. C'est dur d'être un maire facho, comprenez.
Le film embarque sa protagoniste dans une quête à mi-film qu'il n'explore pas. Et l'arc d'un personnage qui se révèle prépondérant dans la conclusion, apparait sous-développé, téléguidé par les exigences du scénario. Un film entier aurait rendu justice à son évolution aux enjeux complexes et passionnants.
Ladj Ly avait probablement l'ambition de réussir une histoire d'envergure au point-de-vue multiple à la The Wire mais, en cherchant à tout traiter en peu de temps, il ne développe pas assez.
Finissons sur le message politique du film, manquant cruellement d'épaisseur. En effet, Bâtiment 5 s'arrête à une lecture individualiste des évènements. Si seulement le maire était plus bienveillant... Il évacue du paysage le poids des structures, une lecture matérialiste de la société et la remise en question d'un cadre républicain vicié dès le départ.
Quand il rejette en bloc la violence comme forme d'expression, Ladj Ly enfonce des portes ouvertes. Il se garantit l'approbation des milieux petits-bourgeois de la France blanche qui se gargariseront d'un discours bien aligné sur leurs intérêts. En présentant la voie électorale comme unique solution, il fait preuve d'un angélisme vertigineux. Pas à la hauteur.
Créée
le 13 nov. 2023
Critique lue 2.3K fois
14 j'aime
D'autres avis sur Bâtiment 5
Ladj Ly savait pertinemment que son après "Misérables" allait être scruté de très près. Le réalisateur, tout en se renouvelant, reste fidèle à son cinéma engagé et politique axant son film autour de...
le 6 oct. 2023
23 j'aime
𝐵â𝑡𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 5 est un film qui, malgré ses ambitions sociales et politiques, se perd rapidement dans les méandres d'une intrigue stéréotypée et de personnages trop simplistes. Ce qui aurait pu...
Par
le 20 sept. 2024
21 j'aime
Il y a quatre ans, Les Misérables brillaient par l'efficacité à l'américaine de son récit, tourné vers la tension, pour un résultat des plus électrisants. Plus ample, Bâtiment 5 est aussi...
Par
le 13 nov. 2023
14 j'aime
Du même critique
Il y a quatre ans, Les Misérables brillaient par l'efficacité à l'américaine de son récit, tourné vers la tension, pour un résultat des plus électrisants. Plus ample, Bâtiment 5 est aussi...
Par
le 13 nov. 2023
14 j'aime
"𝙔𝙤𝙪 𝙚𝙞𝙩𝙝𝙚𝙧 𝙙𝙞𝙚 𝙖 𝙝𝙚𝙧𝙤 𝙤𝙧 𝙡𝙞𝙫𝙚 𝙡𝙤𝙣𝙜 𝙚𝙣𝙤𝙪𝙜𝙝 𝙩𝙤 𝙨𝙚𝙚 𝙮𝙤𝙪𝙧𝙨𝙚𝙡𝙛 𝙗𝙚𝙘𝙤𝙢𝙚 𝙩𝙝𝙚 𝙫𝙞𝙡𝙡𝙖𝙞𝙣."Avec Fury Road, George Miller devenait le rebelle de...
Par
le 24 mai 2024
12 j'aime
3
Dix ans après A moi seule, inspiré de l’affaire Natascha Kampusch, Frédéric Videau présente son nouveau long-métrage, le bien-nommé Selon la Police, et se frotte encore à un sujet très sensible. En...
Par
le 20 févr. 2022
12 j'aime
1