La première saison des aventures télévisuelles et bariolées du Caped Crusader et de son Boy Wonder ayant fait un beau carton à la télévision américaine, il est donc décidé de ressortir du placard le projet d'un long-métrage pour le cinéma. Initialement prévu comme pilote de la série, Batman: The Movie sortira finalement juste avant la seconde saison.


Confié à Leslie H. Martinson, déjà réalisateur sur plusieurs épisodes du show, Batman: The Movie n'est ni plus ni moins qu'un épisode rallongé, une énième aventure passant d'un format de vingt minutes à celui, franchement déraisonnable, de près de deux heures. Autant dire que le résultat est éreintant, à moins d'être un inconditionnel de la série... ou complètement défoncé.


Car à l'image de la série télé, Batman: The Movie, derrière ses aspects ringards et kitsch, est un joyeux bordel à mourir de rire une fois vu sous un angle pour le moins déformé. Les effets spéciaux miteux, les dialogues complètement cons, les péripéties abracadabrantes et le look improbable de l'ensemble deviennent ainsi irrésistibles au second degré, pour ne pas dire franchement drôles quand le film se met à naviguer entre non-sens et conservatisme exacerbé.


Télévisuelle et sans imagination, la mise en scène reprend en toute logique les mimiques et les codes des épisodes cathodiques, sans apporter le rythme nécessaire au bon équilibre d'un délire vite gonflant si l'on est pas dans les bonnes dispositions. Le casting reste également le même, les bons comme les vilains. Hormis Julie Newmar, remplacée par Lee Meriwether, tous les ennemis les plus emblématiques de Batman répondent présent, de Cesar Romero à Frank Gorshin, en passant par le génial Burgess Meredith. Si Burt Ward est toujours à baffer en roquet puritain, Adam West est toujours aussi grandiose en Batman, interprétant son personnage avec le flegme d'un Sherlock Holmes, débitant le texte le plus gland avec un sérieux professoral alors qu'il est vêtu d'un costume d'un ridicule flamboyant.


Bien trop long pour notre santé mentale et franchement limité par sa condition d'épisode gonflé pour atteindre la durée d'un film, Batman: The Movie est une sacrée expérience en soit, un délire purement 60's aussi culte que navrant, représentant parfaitement ce qui fait le sel de la série télévisée: ce fabuleux mélange de connerie, de naïveté, de puritanisme et de folie pop-art.

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le 11 août 2015

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Gand-Alf

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