"Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?"
Nous revoici au fameux débat "Old vs New", l'ancienne version contre la plus récente, ce Batman contre The Dark Knight. Débat sans fin où tout le monde aura tort et raison à la fois et le reste dépend de la sensibilité et des goûts de chacun.
J'en ai déjà fait allusion dans ma critique du Dark Knight mais il faut différencier le meilleur film et la meilleure adaptation. Pour moi le Batman de Nolan est un meilleur film en soi. Mais est-ce le meilleur Batman ? Là c'est plus compliqué.
Pourtant j'ai regardé ce film le lendemain de mon dernier visionnage du Dark Knight, justement pour comparer avec le même recul. Après ce film aurait eu un meilleur impact si je l'avais vu à l'époque, après tout c'était le renouveau des adaptations de comics, alors que Supeman devenait de plus en plus stupide, voilà que Batman avait droit à sa première adaptation sérieuse, avec sa tête le gars à la coiffure improbable et à l'univers atypique. Paraît-il que l'ami Burton n'a pas eu tant de liberté que cela par rapport à la suite hé bien c'est un mal pour un bien car on sent à la fois la patte de Burton et l'ambiance de Batman sans que l'un ne déborde sur l'autre.
C'est là l'un des gros points forts du film : l'ambiance. On se sent à Gotham City, on reconnaît la Batmobile et le costume, tout sonne juste, et nul doute que le dessin animé plébiscité de 92 s'en est inspiré. Je passe sur la musique : qu'est-ce que vous voulez que je dise de plus ? Ce thème est le plus connu pour un super-héros avec celui de Superman et continue pour beaucoup à être LA musique de l'homme chauve-souris. Je peux difficilement dire le contraire, bien qu'Hans Zimmer ait également assuré pour la trilogie Nolan.
Ensuite les personnages. Je préfère Keaton à Bale. Peut-être parce que le jeu du premier est plus subtil et nous prend plus par surprise. Je comprendrais que certains ne le considèrent pas à sa place à cause de son caractère effacé. Perso je dirais : hé bien justement, on se doute d'autant moins qu'il est Batman. Bale me semble davantage essayer d'être Wayne et Batman là où Keaton ne me donne pas la même impression. Je vois Batman, point.
Pour le Joker, voici un bon exemple de la différenciation entre bon film et bonne adaptation. Je préfère l'interprétation de Ledger en tant que performance dans un film, tant elle colle avec le reste. Mais... mon Joker préféré au cinéma* est celui de Nicholson. Pourquoi ? La scène qui l'illustre le mieux à mon sens est celle où il fait cramer un associé si bien qu'on n'y voit que le squelette ou presque et où il balance "Heureux que tu sois mort" avec ce rire génial. Cette scène, outre le fait qu'on sent l'influence Burton ici (la mort comique est sa spécialité), elle est l'illustration parfaite du Joker : un monstre hilarant, ou un clown dangereux, à vous de voir. On ne retrouve pas le côté comique dans le Joker de Nolan (mais vu le ton du film, c'est totalement juste) mais il y est ici. Puis Jack Nicholson qui joue un doux dingue. Comme si ça avait des chances d'être mauvais. Tout le monde ou presque est d'accord : il est génial et joue beaucoup dans la qualité du film.
Enfin, notons que Burton a été culotté en modifiant l'histoire de base de Batman. Ce que les fans ne lui reprochent même pas là où c'est immédiatement sanctionné dans d'autres films. Pourquoi ? C'est là un bon exemple d'une adaptation bien faite : elle est totalement cohérente ici. Le Joker a crée Batman en tuant les parents de Bruce Wayne là où Batman a crée le Joker en balance Jack Napier (jusque là il n'était que "Jack" dans les comics) dans la cuve d'acide. Ne rendant l'opposition que plus logique, plus tragique et plus profonde.
Ce film a peut-être une écriture moins intelligente que le Dark Knight, il est un peu daté d'où des scènes d'actions forcément moins bonnes, mais il reste un très bon film et une excellente adaptation de Batman qui vaut encore le coup d'oeil aujourd'hui.
* Mon Joker préféré est celui de la série animée de 92, d'où la précision "au cinéma". Le fait que ce soit un dessin animé aide peut-être aussi. Et Dieu bénisse Pierre Hatet accessoirement.