Suite à la sortie d'un grand nombre de séries télévisées et de quelques projets plus ou moins kitschs ou théâtraux centrés sur Batman, le chevalier noir apparaît enfin sur le grand écran, sous un ton sérieux et sous une vision très soignée de l'univers développé par l'auteur de comics Bob Kane. Ce long-métrage était malheureusement assez mal accueilli par les fans de l'univers pour différentes raisons comme celle du choix d'un réalisateur qui commençait à peine à produire de long-métrages et notamment celle de la sélection de l'acteur Michael Keaton dans le rôle vedette du super-héros.
Ces deux professionnels avaient justement collaboré ensemble pour la mise en œuvre de l'hilarant et horrifique production Beetlejuice, un univers qui s'oppose totalement à celui du chevalier noir avec son humour noir, son environnement burlesque et son côté horrifique follement amusant. Sur ce fait ! Les studios Warner Bros ont entendu beaucoup de mauvaises réactions de la part d'un grand nombre d'individus qui ont tout fait pour que cette production ne voit pas le jour mais les ont complétement ignorés.
Personnellement, je trouve ça idiot d'entendre ou de lire ce genre de réaction dans les news, ce n'est pas parce qu'un réalisateur ou un acteur soit bon dans un domaine qu'il ne l'est pas dans un autre. Et cette production en est la preuve formelle, elle a reçu un bon nombre de nominations aux Golden Globes et même gagné un oscar (celui de la direction artistique). Contrairement à ce que l'on pouvait penser, le réalisateur Tim Burton a su appliqué avec tact sa vision enfantine, poétique et enchanteresse dans un monde où règne impitoyablement et farouchement une criminalité qui semble incontrôlable pour les autorités compétentes.
La première chose qui m'a bien frappé dans ce film sont les décors urbains. Gotham City est vraiment une ville où rien n'a l'air d'être propre, il y a du détritus partout, la lumière semble passer en peu d'endroits, c'est poussiéreux comme ce n'est pas permis, à croire qu'on est rentré dans une sorte de grosse usine de fabrication en série d'un quelque conque produit. C'est justement l'un des plus gros points fort de cette production, Tim Burton pouvait vraiment exprimer un mal constant et troublant avec cette vision des choses, et surtout introduire judicieusement un Batman qui est là pour faire le ménage, avec discrétion et patience.
Rien qu'avec la première scène avec le duo de malfrats, la magie opère efficacement et on trouve un Batman très fidèle à l'esprit des comics. Cela ne serait rien sans la magnifique et magistrale interprétation de Michael Keaton, l'acteur sait incarner un personnage tourmenté par un passé douloureux, cachant beaucoup de mystère et exprimant moralement une vengeance bien personnelle. C'est un personnage qui vit dans la constante noirceur, très loin de l'image d'un professionnel qui serait là pour nous divertir et c'est justement là où Jack Nicholson intervient.
Ce dernier incarne magnifiquement un tueur psychopathe se faisant reconnaître tout de suite par son large sourire écarlate, son teint blanc de clown et sa folie meurtrière. C'est tout le contraire de Batman, il est constamment joyeux, incroyablement imprévisible et tire de bonnes répliques avec un sens de l'amusement totalement assumé. Jack Nicholson s'éclate comme un rien, il donne une réelle définition d'un tueur qui manipule tout le monde et ses gadgets loufoques ne font qu'accentuer la forte personnalité qui définit si bien l'antagoniste.
Entre Batman et le Joker, c'est une rivalité qui alimente solidement la trame scénaristique du film, avec en plus la belle présence féminine et tranquille de l'actrice Kim Basinger qui pimente judicieusement le duel viril. Le reste du casting en fait autant, chaque acteur campe un personnage qui apporte plus ou moins nécessairement leur contribution sans que l'un d'eux soit de trop. Bien entendu ! Tim Burton ne s'est pas contenté de ça. Un univers ne se résume pas qu'aux personnages, les scènes d'action sont techniquement très satisfaisantes et on voit bien que le metteur en scène a vraiment cherché à explorer le fond l'univers de Bob Kane, en faisant intervenir quelques véhicules bourrés de gadgets du héros noir comme la fameuse Batmobile.
Même si on ne compte pas énormément de conflits ou de bagarre dans cette production, le rythme reste très accrocheur, c'est un combat qui se fait aussi bien moralement que physiquement lors de chaque rencontre entre Batman/Wayne ou le Joker. Et que dire que de la sublime partition du compositeur Danny Elfman, elle crée parfaitement des véritables sensations avec ses différentes tonalités de son très bien réglées. Bref ! Cette production est une véritable prouesse cinématographique, très bien orchestrée par un Tim Burton passionné et très imaginatif. 9/10
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