Je spoile. Vous voilà prévenus.
Je ne comptais pas forcément regarder ce film, mais il était proposé en séance spéciale au cinéma local, me poussant à profiter de l'occasion. Ce qui au passage était un peu une idée foireuse, quand on y pense. Après tout, il s'agit de productions à petit budget pensées pour le marché de la vidéo, donc le grand écran fait ressortir tous les défauts (certaines scènes pixelisent à mort).
Dans le dernier tome de Sentai School, le personnage de Davidson King (sic) porte un blouson avec marqué : "I used to be cool, now I'm a bitch". Cela résume bien mon avis sur l'évolution de Harley Quinn. Celle qui a marqué mon enfance (je ne suis pas le seul) a énormément gagné en popularité depuis quelques années (d'où ce long-métrage à sa gloire) ; ce qui s'est accompagné d'une hyper sexualisation - l'originale était déjà sexuée, mais d'une façon différente - et d'une transformation progressive en Deadpool au féminin. Je n'aime pas ce qu'elle est devenue. Ce qui m'a convaincu de regarder ce métrage malgré mes à priori, ce sont les présences de Sam Liu à la réalisation et de Bruce Timm à la production, mais aussi au scénario (et il double Booster Gold).
Batman and Harley Quinn semble pensé comme un retour aux sources pour Bruce Timm. Les décors et certains plans rappellent immédiatement les premières saisons de Batman TAS, réorchestration du thème principal en prime. Effet nostalgique garanti, toutefois mis à mal par une technique d'animation par ordinateur loin de la beauté de l'original, et surtout un chara design tiré de la dernière saison ne possédant plus la classe des débuts.
Pour Harley aussi, retour aux sources. Comprenez retour au spandex intégral. Le dessinateur nous rappelle qu'il reste le père du personnage, et en profite pour critiquer vivement ce qu'elle est devenue dans l'esprit de nombreux scénaristes : une pute. Ce qui pourrait fonctionner si elle ne se déshabillait pas pour coucher avec Nightwing l'instant d'après. Et non, ce n'est pas quelque chose que j'ai imaginé, elle couche bel et bien avec lui, après avoir questionné sa sexualité - car elle a étudié "Seduction of the Innocent" lors de ses études - et sorti la moitié de sa garde-robe de son placard. Surréaliste.
Le titre du film annonce la couleur : Batman ne sert que de caution, il s'agit avant tout d'un récit centré sur Harley. Sauf que la mettre en valeur se fait au détriment de Batman et Nightwing - surtout ce-dernier, qui ne sert vraiment qu'à montrer à quel point l'héroïne le surpasse - lesquels deviennent de plus en plus incompétents au fil des minutes. Un peu comme si la présence de Harley les contaminait, à tel point que Batman ne ressemble absolument plus à Batman. Ce que je prends comme un sérieux problème dans l'écriture.
Heureusement, la folie furieuse de Harley arrive à proposer quelques moments aussi délirants que jouissifs, au point de même réussir à dérider la chauve-souris. Ce film doit posséder bien 10 minutes hilarantes, situées au milieu du métrage. Un métrage qui dure 74 minutes donc cela pose tout-de-même un petit problème. Durant ces passages, j'étais prêt à pardonner à cette production bancale tous ses nombreux défauts. Mais seulement pendant ces passages. Le retour à la réalité est cruelle. Mais rien que pour eux, je veux bien recommander Batman and Harley Quinn. Il est très imparfait, je ne suis pas super fan de la nouvelle voix américaine de Harley, mais il possède quelques rares atouts.
Et des gags de prout.