Batman - Le Défi par Skratsch
Ayant récement revu ce film, je peux enfin le noter et le critiquer sans me baser sur de vagues souvenirs d'enfance. Et le bilan est plutôt mitigé.
Premier constat, Batman est un peu plus présent que dans le précédent opus, ce qui n'est pas forcément une bonne chose quand le personnage est aussi mal traité. Il est fade, s'investit peu dans ses affaires et n'est qu'une ombre de la classe qu'il peut avoir dans d'autres apparitions.
Deuxièmement, j'ai eu l'étrange impression que Burton n'avait pas fait son deuil du Joker et qu'il s'en décharge sur le personnage du Pingouin. Alors d'accord je ne vais pas crier à la mauvaise adaptation en prétendant que ce personnage devrait être comme ci ou comme ça, les comics sont probablement le type de support qui offre la plus grande liberté d'adaptation au cinéma tant ils passent par une ribambelle d'auteurs au style et à l'univers différent. Mais qu'il s'entoure de clowns maléfiques (sous prétexte qu'il a grandi dans un cirque alors qu'il n'a toujours été vu que dans un zoo, cherchez l'erreur) colle beaucoup plus à Mister J. qu'à l'austère homme d'affaire qu'est habituellement Oswald Cobblepot.
Troisièmement, j'ai eu du mal à déterminer à qui le film était destiné. Certains passages sont très gloques, et le film regorge d'allusions salaces voir de répliques carrément crues que j'ai du mal à croire ne pas avoir relevées étant gosse à moins que ce soit dû à une vf adoucie. Parallèlement, on a droit à beaucoup de scènes cartoonesques et à des facilités scénaristiques qu'on n'attendrait pas dans un film destiné à des adultes. J'avais été marqué quand j'étais enfant par la scène où un des sbires du Pingouin enlève le bébé du maire, parce que déjà à l'époque j'avais l'impression que le méchant était acclamé pour avoir commis un kidnaping. Je n'ai compris qu'en revoyant le film une fois adulte que les gothamites se laissaient avoir par une mise en scène qui faisait passer le vilain pour un héros, tout simplement parce que la mise en scène est tellement bancale que même un enfant ne tomberait pas dedans. A l'opposé, Bruce Wayne (qui n'a pas assisté à la scène) devine immédiatement que le Pingouin est animé de mauvaises intentions sans qu'on nous explique jamais qu'est-ce qui a pu lui mettre la puce à l'oreille en dehors du fait qu'il est moche et vit dans les égouts. Passons sur ce détail, comment a-t-il deviné qu'il connaissait déjà l'identité de ses parents ? Pourquoi le Pingouin vient-il voir en personne le seul justicier de la ville au milieu de la rue pour quasiment lui avouer tous ses plans diaboliques à la moitié du film ? Comment a-t-il obtenu les plans de la Batmobile, Alfred les avait jetés aux égouts ?
Si on veut faire un film qui s'adresse aux adultes, je ne comprends pas qu'on le fasse en les prenant pour des gamins. D'une certaine manière, ce genre de scènes complètement absurdes seraient passées beaucoup mieux dans les films de Shumacher.
Ceci-dit tout n'est pas à jeter dans ce film, lui et son prédecesseur possédant une esthétique particulière à mi-chemin entre le burtonnien et le gothamite, qui donne un résultat sombre et malsain assez réussi. Danny DeVito est excellent, et Michelle Pfeiffer est assez correcte en Catwoman (sans aller jusqu'à l'extraordinaire, désolé). Keaton ... fait ce qu'il peut, mais c'était un mauvais choix à la base et il n'a pas été super bien dirigé par la suite à mon humble avis.
Pour finir on peut dire que le film est juste assez culte pour me procurer un orgasme lorsque un easter egg lui fait directement référence dans Arkham City.