La féline.
Après son Edward et ses mains d'argent, Tim Burton revient faire un tour dans l'univers qu'il avait mis en images avec le premier Batman, et le truc sympa, c'est que le Timothy enlève, cette fois,...
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le 20 mai 2013
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Si Tim Burton a d’abord tourné la page Batman après le film de 1989, pour réaliser l’un de ses plus grands classiques avec Edward aux mains d’argent, il accepte d’y revenir et d’en réaliser une suite à la condition d’une plus grande liberté créative que la Warner ne peut que lui concéder à la suite du succès phénoménal du premier opus. Pour ce faire, il fait table rase de quasiment tout ce qui faisait son précédent travail et part dans une direction gothique et poétique inattendue pour dépeindre une aventure opposant Batman à Catwoman et au Penguin.
Conforté par le succès sensationnel du premier film, qui avait raflé pour rappel 8 fois sa mise tout en effleurant la première place au box-office de 1989, le budget de Batman Returns dépasse cette fois-ci les 50 millions de dollars, laissant espérer une petite montée en puissance pour inscrire la production parmi les plus ambitieuses de l’année. Mais c’est surtout la combinaison de ces très grands moyens avec la volonté de porter une vision artistique forte qui va offrir au film un visuel magnifique.
Plutôt que de reprendre les décors du premier film pourtant prêts à l’emploi, Gotham est complètement repensée et habillé pour Noël, jusqu’au 0° de température sur le plateau assuré par la clim’, l’extérieur étant un Los Angeles bouillonnant, la fameuse magie d’Hollywood. La photographie saura l’exploiter avec beaucoup de très jolis plans pour cette direction artistique gothique particulièrement adapté à l’univers de Batman et cette thématique hivernale très prononcée qui inscrit le film parmi les films de Noël les plus emblématiques.
La mise en scène aime appuyer le symbolisme du récit avec des détails très subtils allant jusqu’à l’ombre projetée par les lunettes de Sélina Kyle prenant la forme d’une oreille de chat juste avant que celle-ci ne devienne Catwoman. Elle s’offre également quelques références visuelles à de grands classiques du cinéma l’inspirant, comme la course poursuite du pingouin sur le pont repris du Docteur Cagliari qui a également inspiré son costume.
Les quelques scènes violentes du film et le look très malaisant du Pingouin rentrent en opposition avec le style cartoonesque majoritaire pour les scènes d’action, ce que je trouve un peu trop brouillon pour être honnête. Et de manière générale, je ne suis pas un grand fan des costumes du film, aussi bien celui de Batman que de Catwoman, même si ce dernier a au moins le mérite de l’originalité et de l’audace tant l’actrice a galéré à le porter même si elle a parfaitement su se déplacer avec l’agilité indispensable qu’elle devait dégager.
L’OST composée par Danny Elfman, toujours fidèle au poste, est quant à elle un véritable enchantement avec des envolées lyriques de toute beauté posant dès l’introduction une ambiance remarquable. Le choix de musiques licenciées n’est pas non plus sans constituer des clins d’œil sympathiques au récit, comme Super Freaks qui aurait pu tout aussi bien être le sous-titre du film. Parce qu’on ne va pas se le cacher, que ce soit Returns ou le défi, ça n’a rien à voir avec le film.
D’abord pensé comme suite directe, c’est finalement une toute nouvelle aventure parfaitement distincte de celle de 1989 qui nous est proposée, seules quelques références minimes y seront faites. L’histoire est originale, même s’il elle puise quelques idées déjà explorées, comme la campagne électorale du Pingouin de la série des années 1960. Le récit repose donc sur un puissant financier voulant accroître son contrôle sur Gotham qui complote pour mettre au pouvoir le Pingouin qui sera plus conciliant avec ses projets que le Maire actuel, donnant accidentellement naissance à Catwoman en voulant préserver ses secrets et cherchant à discréditer Batman aux yeux du public pour qu’il ne puisse pas intervenir.
Les origin story du Penguin et de Catwoman sont donc complètement réécrites pour les besoins de ce scénario qui oppose ainsi Batman à 3 aspects de sa personnalité : la fortune partagée avec Schrek, le statut d’orphelin partagé avec Oswald et la double personnalité en costume partagée avec Catwoman. Ce n’est pas exploité au point de faire évoluer la psychologie du personnage au cours du récit, mais ça reste assez intéressant comme approche et ça livre un discours plutôt mature en sous-texte, notre histoire de vie impacte peut-être qui nous devenons mais nous restons responsables de cette évolution.
Du côté du casting, Michael Keaton aborde un jeu un peu trop rigide à mon goût, même en contraste avec les prestations beaucoup plus déjantées autour de lui, je pense qu’il y avait mieux à faire, surtout vu les 11 millions de dollars de rémunération auxquelles il a eu le droit, presque le quadruple de Michelle Pfeiffer. Cette dernière et Danny DeVito lui volent clairement la vedette pour des prestations de Catwoman et du Pingouin aussi inédites que mémorables avec improvisations délicieuses et décomplexions jouissives.
Pas mal de thématiques intéressantes émanent de ce récit avec un propos féministe, Sélina Kyle se révoltant face à la misogynie qui la rabaisse et l’humilie malgré son intelligence et sa bienveillance, écologiste, le Pingouin menaçant de retourner contre eux les déchets laissés négligemment par les humains, anticapitaliste, Schrek cherchant toujours plus de profit sans même en avoir besoin, médiatique, Alfred critiquant ouvertement le sensationnalisme des journaux qui ne font pas le travail d’analyse et de critique qu’on doit attendre d’eux.
Tout ceci se fait tout de même au prix de quelques compromis avec notamment de grosses facilités scénaristiques, l’opinion publique de Gotham changeant du tout pour le tout d’un instant à l’autre, le Pinguoin qui dispose sans aucune explication des plans de la Batmobile et d’un moyen de désactiver ses défenses, ou encore les faibles explications du plan machiavélique de Schreck qui reste très caricatural. De plus, les sous-entendus sexuels manquent parfois de subtilité pour un film qui prend souvent des allures de divertissement grand public, c’est un peu grossier.
Profitant d’un meilleur budget et surtout d’une plus grande liberté créative, Tim Burton offre à la franchise Batman une déclinaison artistique unique très soignée et bien filmée dans laquelle Michelle Pfeiffer et Danny DeVito s’éclatent pour notre plus grand plaisir au cours d’un récit très agréable à suivre. Je regrette profondément son moindre succès critique et les polémiques autour de sa grossièreté pour un film de Noël, Batman Returns est l’un de mes films favoris de la franchise et mon film préféré de Tim Burton.
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Créée
le 25 déc. 2024
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