Le plus Burton de tous les Batman ! [SPOILERS]

Après le succès du premier Batman de Tim Burton en 1989, la Warner a décidé de lui laisser carte blanche pour réaliser le second opus de cette nouvelle saga pleinement lancé : Batman : Le Défi. Par conséquent, nous avons retrouvé l’équipe principale du film précédent avec Keaton qui remballait son costume d’homme chauve-souris, Michael Gough en Alfred et Danny Elfman toujours à la musique.


Entre temps, Burton a définitivement réussi à se révéler au public grâce à Edward aux mains d’argent qualifié de chef d’œuvre par beaucoup encore aujourd’hui. Donc autant dire que le public était très enthousiaste pour ce second volet. Toutefois, quand il est sorti en salle, les réactions n’ont pas été aussi positives qu’avec le premier film de la franchise : s’il a été un succès au box-office mondial avec plus de 260 millions de $ à l’époque et une nomination pour deux oscars à la clé, le public a critiqué la noirceur du film et l’aspect extrêmement sombre que Burton a adopté sachant que le public cible de la Warner était les enfants. Certains allant même jusqu’à crier à la trahison en voyant que Batman tuait des malfaiteurs dans ce film, ce dont le premier film avait aussi eu droit de la part des fans Hardcore.


Comme pour le précédent film, je l’ai revu pour pouvoir pleinement l’apprécier. Et malgré l’avis que les gens peuvent en avoir c’est très certainement mon Batman préféré, je le trouve même meilleur que le précédent que j’adore déjà. Alors oui, aujourd’hui le film a gagné un statut de film de super-héros culte auprès des fans du genre, mais pour l’époque ça n’avait pas forcément plu à tout le monde et quand on le voit, on comprend pourquoi.


Cela dit, l’avantage pour Burton d’avoir une liberté totale sur ce film c’est qu’il a pu mettre toute sa patte artistique dans l’univers du film et la mise en scène. Dés l’introduction du Pingouin lors de l’ouverture, on sent clairement que ça sera un film à monstre à l’apparence humaine, la froideur ainsi que la noirceur et la beauté de son univers et par l’occasion celui de Batman est rapidement retrouvé à partir de ce moment là. Les plans penchés sont plus rares, les plans vus du dessus sont aussi moins nombreux mais visuellement et artistiquement le gothique reste un élément phare de ce Batman version Burton, ça se sent avec les costumes des personnages comme Catwoman, ça se sent avec Gotham qui reste une ville toujours aussi menaçante et noire mais avec la neige en prime pour rendre la ville plus froide, et ça se sent également avec le repaire du Pingouin tout aussi glacial.


La musique de Danny Elfman aussi prend plus de liberté dans ses morceaux, en plus de reprendre comme il faut le thème principal du précédent film. Le thème de Batman est toujours aussi agréable à entendre, celui de Catwoman est très bon aussi et rend les apparitions de cette dernière assez fascinante, celle sur le Pingouin très envoûtante avec les chœurs qui viennent s’ajouter à certains morceaux. Une profonde mélancolie se fait sentir dans plusieurs morceaux et ça n’est pas plus mal. Encore une fois, un excellent travail que je qualifie même de supérieur au premier film.


Du côté du casting, on retrouve Michael Keaton dans le rôle de Batman, qui est encore une fois toujours aussi bon et l’on reprend ou on en était dans le précédent film. Mais cette fois-ci, Vicki Vale n’est plus présente maintenant que le public est familiarisé avec Batman et son monde, ce qui est plutôt logique. Et Burton en profite pour creuser un peu plus Batman face à ses nouveaux ennemis qui sont présent ici, à savoir Catwoman dont on retrouve la relation amour/haine que beaucoup d’aficionados de comics adorent, et bien sur le fameux Pingouin, un des principaux adversaires de Batman qui est traité de manière très particulière par le réalisateur ici.


Ce qui est étonnant ici d’ailleurs, avec les méchants c’est que, là ou le Joker était un bandit complètement cinglé avec une interprétation énorme, ceux de ce film sont plus des victimes de la société qu’autre chose. Danny DeVito en Pingouin était d’ailleurs un choix difficilement discutable. Quand on voit son physique, et quand on le voit dans la peau du personnage, on imagine difficilement un autre acteur dans la peau du Pingouin. Ses mimiques sont excellentes, sa démarche fidèle au personnage, et en soi le Pingouin bien que criminel de première catégorie, est avant tout un personnage aux allures tragiques. Il est victime de ses parents et de sa différence physique et il inspire à être accepté (dans un premier temps en tout cas), mais on retrouve aussi ce qui caractérise si bien le méchant, à savoir ses pépins piégés et armés jusqu’au tissu. Bon après son apparence n’aide pas les enfants à aimer le film, je l’accorde, mais moi j’ai pas vraiment eu peur en le voyant la première fois (je suis un peu glauque des fois).


Catwoman aussi est excellemment interprétée, ici par Michelle Pfeiffer mais dérive aussi beaucoup des comics pour en devenir un élément propre à Burton et au film. A la base c’est une secrétaire timide et qui n’arrive pas à exister auprès de ses patrons et se retrouve, malgré elle, impliquée dans les affaires de Max Shreck et qui, après que ce dernier l’ait balancé du sommet du building, meurt et revient à la vie après que ses meilleurs amis, les chats, lui redonnent un second souffle pour qu’elle bascule dans la démence et le crime. Mais on retrouve aussi ce qui plaît aux fans de comics, à savoir sa liaison amour/haine avec Batman et le double jeu qui s’ensuivra entre elle et l’homme chauve-souris.


Christopher Walker incarne un personnage totalement inventé pour le compte de l’histoire, en la personne de Max Shreck, un entrepreneur milliardaire véreux parfaitement détestable qui sera le point d’évolution du Pingouin et de Catwoman. Croyez-moi, vous allez le détester dés que vous le verrez et ça ne fera que s’empirer au fur et à mesure. Et contrairement à ce que l’histoire pourrait faire croire, le gros salopard de première, c’est lui, là ou le Pingouin et Catwoman sont des victimes qui sont devenus criminels, l’un à cause de son apparence d’où le fait qu’on juge autrui par ce à quoi il ressemble, et l’autre à cause de son manque de confiance en elle-même et d’initiative et qui sera une malheureuse victime dans les projets de Shreck. L’écriture autour de ces trois personnages est bien plus profond et flexible qu’on pourrait l’imaginer au final et apporte des thématiques que Burton soulève grâce à l’univers de l’homme chauve-souris, mais j’en reparlerais dans la partie scénario.


Michael Gough reprend le rôle d’Alfred et le fait parfaitement bien, comme pour le précédent film il joue le rôle du conseiller et du majordome fidèle à Bruce Wayne et l’acteur inspire toujours un capital sympathie à mon égard, surtout quand on sait que ça sera le dernier bon Batman dans lequel il jouera avant que Joel Schumacher arrive. Quoiqu’il en soit, le casting est particulièrement solide, encore plus que dans le premier film, ce qui est un réel exploit quand on voit à quel point Burton avait élevé la barre haute avec son premier film.


Terminons avec le point qui a fâché le public avec Burton et la Warner, à savoir le scénario qui a fait scandale à l’époque auprès du public. Non seulement ça a fait hurler de nombreux fanatiques en criant au fait que Batman ne tuait pas ses ennemis tandis que de l’autre côté, certains avaient fait la remarque qu’il tuait dans les anciens comics. Mais surtout, la noirceur de ce film avait énormément fâché les gens car la Warner voulait proposer ces films au jeune public, peu importe à quel point le film est bon et apprécié par beaucoup aujourd’hui, dont certains youtubeurs populaire comme le Joueur du Grenier ou Linksthesun.


Là ou dans les comics, Selina Kyle et Oswald Cobblepot sont des criminels populaire et ennemis principaux de Batman, ils sont ici avant tout victime de la société dans lequel ils vivent : Selina est victime de son patron après avoir découverte la vérité sur ses projets secrets, et Oswald alias le Pingouin victime de sa propre apparence, abandonné par ses parents bourgeois et élevé par des animaux avant d’être exploité par Shreck pour le faire devenir maire et avoir une main basse sur Gotham. Cela dit, Burton n’oublie pas de faire de Cobblepot le criminel populaire et apprécié que beaucoup connaissent désormais.


Ce qui se retournera finalement contre Shreck car chacun des deux criminels finira par s’en faire une cible (pour des raisons justifié : l’une a failli se faire tuer par son patron, l’autre a perdu son partenariat et l’appréciation du public de Gotham et il a été de nouveau abandonné, on peut comprendre qu’ils aient les boules), en plus de vouloir abattre Batman en faisant de lui un criminel à leur niveau en ternissant son image auprès des habitants de la ville et pour servir des intérêts commun.


En fin de compte, le drame sera très présent tout au long, que ça soit dans le passé et les évènements qui touchent les deux méchants, leur mort qui arrive même à nous faire exprimer de la sympathie à leur égard, Batman qui tombe amoureux de Selina et découvre son identité mais n’arrivera pas à la raisonner malgré ses dissemblances avec elle, ou les thématiques principaux qui sont l’apparence et la société dans lequel Burton nous présente Gotham, un milieu dominé par la puissance politique et industriel grâce au personnage de Shreck et qui jouit d’une notoriété puissante alors que c’est l’un des plus gros salopard auquel on puisse penser, là ou le Pingouin et Catwoman ont des origines dans leur criminalité.


On pourra reprocher au final que Batman soit plus mis en retrait par rapport aux films de Nolan. Néanmoins, il reste quand même un élément important du film et l’intérêt central qui fait vivre nos deux antagonistes. Et sa réaction face au Pingouin et Catwoman n’est pas inintéressant, dans le premier cas il se méfie non pas du personnage en apparence mais de ses attentions et de ses agissements, dans le cas de Catwoman il reste un gentilhomme facilement influençable par la beauté de cette dernière et sa liaison avec elle n’en reste pas moins intrigante.


Au-delà de ça, Burton arrive même à ajouter un ton ridicule à tout cette noirceur avec les clowns de cirque qui font du karaté ou son discours qui se veut héroïque en fin de film avec les pingouins censé aller bombarder Gotham aux places convenus.


Je vais pas m’éterniser, ce Batman : Le Défi est à mes yeux une œuvre à part dans les films de super-héros. La touche de Burton est là, l’univers de Batman aussi, l’interprétation est excellente, la BO de Danny Elfman splendide, l’histoire forte et enrichi davantage et j’ai aimé le fait que ce film prenait une direction très réaliste par moment. Si la Warner n’avait pas confié la suite du projet à Schumacher par la suite, qui sait ce que Burton aurait pu faire de plus ensuite. Quoiqu’il en soit, n’hésitez pas à le voir ou le revoir, la version Burton sur un personnage aussi iconique dans les comics que Batman vaut toujours le coup d’œil.

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le 27 mai 2015

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