Mars et Avril 2016 étaient attendus par beaucoup de monde car beaucoup voulait voir qui sortirait gagnant du véritable duel en deux rounds qui s'effectuait cette année : qui de Marvel ou de Dc Comics allait proposer le meilleur affrontement entre les héros stars de leurs écuries respectives ?
Il faut néanmoins reconnaître que la firme Dc partait avec une sacrée balle dans le pied, car là où Marvel Studio a installé depuis longtemps son univers et les héros qui l'habitent depuis près de dix ans déjà, l'univers de la Distinguée Concurence (comme on aime à l'appeler) en était pratiquement à son coups d'essai. Il ne s'agira donc pas simplement de l'affrontement titanesque entre les deux héros, il s'agira aussi de poser les bases de tout cet énorme univers qui ne demande qu'à s'épanouir à son tour sur les grands écrans. Je dois dire que j'attendais ce film, déjà pour voir comment il répondrait à ce défi fou, mais aussi en espérant voir enfin une firme répondre par l'intelligence et l'art à ce qui se fait en face : je ne vais pas cracher complètement sur les films Marvel, mais force est de constater que niveau créatif ça vole quand même pas haut avec des films qui se répètent énormément depuis ces dix ans. Mais je m'égare.
Il m'aura fallu deux visualisations pour apprécier le film tant la première fois m'avait un peu saisi dans le mauvais sens du terme. Un Luthor croisé avec le Joker, une intrigue pas toujours évidente à suivre, un Batman qui tue sans toujours qu'on ne sache vraiment pourquoi. L'univers proposé est pour le moins singulier et le film n'est pas exempt de défaut même dans son écriture.
Les acteurs ? Les effets spéciaux ? Les musiques ? Non les problèmes ne sont pas là. Les problèmes sont plus à chercher du coté des idées et du réalisateur, je pense.
J'ai lu un article de presse où la femme de Snyder, apparemment productrice du film, racontait la genèse de cette séquence où l'on aperçoit un Flash venu du futur (?) : son mari s'est décidé d'un coups à faire cette scène, en a parlé à sa femme qui lui en a donné son aval tant elle a confiance en lui. La séquence ? spectaculaire et très intéressante ! Et elle arrive tellement comme un cheveux dans la soupe !
Aussi on se plaint énormément des studios dans ce qu'ils peuvent avoir de castrateur dans la créativité des auteurs, mais je me demande réellement si le problème ici n'était pas tout le contraire : avec son film, Snyder montre combien il est fan de l'univers de DC et veut lui rendre hommage. Il a compris ce qui faisait l'essence de Batman, celle de Superman et sait poser les questions qu'il faut avec ses personnages (n'en déplaise aux allergiques qui crachent sur les références à la religion que propose Superman. Non mais sérieux, on vous demande pas de vous convertir, déstressez, quoi). Cependant il veut tant faire qu'il n'a pas su se concentrer sur son histoire et a voulu en offrir trop d'un coups. Il avait déjà le soucis de devoir poser son univers, il se rajoute lui-même du poids en voulant annoncer même ce qui peut attendre !
Il suffit de lire tout ce qui s'est dit sur le montage du film, qui semble avoir été un casse-tête monumentale. Apparemment il fallu tailler bien grossièrement pour atteindre un film qui fait déjà 2h33 !
Sur le sujet de "Martha", twist simplet du long métrage, Snyder s'est exprimé pour dire combien les gens sont de mauvaises foi et n'ont pas su apprécier la profondeur de cette séquence. Je prends cet exemple pour appuyer mon idée que Snyder n'a sans doute pas aidé son film autant qu'il l'a réussi : la séquence a fait rire internet et le monde entier. On ne peut pas juste dire "c'est eux y zont pas compris ", il faut aussi savoir se remettre en cause...
C'est aujourd'hui Jeremy Irons qui le dit : les critiques sont méritées car le film est un gros foutoir. Sauf que non, le film ne méritait sans doute pas autant de critiques si négatives. Il est bourré de défauts, à commencer par ce coté effectivement un peu fourre-tout et foutoir. Mais il faut aussi lui reconnaître ses qualités. Fait par un fan et pas un manchot malgré un esprit qu'il n'a su auto-gérer, le film témoigne d'une ambition artistique remarquable et tend à vraiment aller au-delà du simple film de super-héros. Les scènes d'action fonctionnent grâce à la patte du monsieur et sa photographie n'a plus rien à prouver.
La deuxième séance, qui me permit de voir au delà des gros défauts, m'a vraiment permis d'apprécier un joyau brut. Le problème, c'est qu'il aurait mieux fallu le travailler, ce joyau.
Malheureusement peu de gens et surtout peu de critiques ont su regarder sous les défauts pour apprécier l'éclat de ce joyau là. Et du duel entre la firme qui veut innover et celle qui se contente de servir toujours la même tambouille, c'est malheureusement la seconde qui est sortie vainqueur.
Gageons que Suicide Squad redonnera un peu de pêche chez Detective Comics ! J'ai vraiment hâte de voir ce qu'ils vont proposer ensuite, autant que de voir la version longue plus travaillée de ce film-ci !
Interview de Zack Snyder sur le sujet martha
Interview de Deborah Snyder sur le cameo de Flash
Interview de Jeremy Irons sur les critiques