J'adore les films de Super-héros, peu importe à quel point on peut leur cracher dessus ou les juger sans intérêt. Je pense qu'ils révèlent pas mal de détails sur la vision du monde Hollywoodien, sur la vision de l'Amérique par Hollywood et j'en passe...
C'est un exercice, cependant, qui devient de plus en plus compliqué au vu des sorties de plus en plus nombreuses au fil des ans. On a des bonnes surprises parfois (Deadpool ne vous prend pas pour des cons...), des résultats mitigés souvent (désolé Antman, t'es sympathique mais il te manque ce petit quelque chose qui te rendrait génial... genre Edgar Wright à la réa, mais là, je suis cruel) et des échecs par ci par là (entre Ghost Rider 1&2, Les 4 fantastiques et autres Amazing Spiderman 2, faites votre choix...).
Mais vous aurez remarqué que je n'ai parlé que des films adaptés de la licence Marvel, fun, sympathique, évitant de se prendre trop au sérieux. Notez que quand elle le fait, ça se passe bien : les saisons 1 & 2 de Daredevil et la première saison de Jessica Jones sont là pour en témoigner.
Quid de Détective Comics ou DC Comics, son concurrent principal ? Concernant son adaptation au cinéma, pas de souci : l'ensemble de la licence appartient à la Warner Bros. Un véritable boulevard pour se promener et se permettre beaucoup de choses, vous imaginez vous ? Hélas, trois fois hélas, la Warner pourrait avoir pour devise "Winter is coming" tellement ils sont frileux à l'idée d'utiliser leur catalogue à bon escient.
A l'heure ou la Maison des idées (autre surnom de Marvel) lâche ses Avengers et autres X-men à tire larigot, la Distinguée Concurrence made in WB ne veut s'appuyer que sur 1 à 2 films par an. Rien de mal à ça, me direz vous, si tant est que la qualité soit au rendez-vous. Et là...
J'ai mal à ma Bat
Après un Man of Steel franchement décevant à mon goût, bien trop influencé à mon sens par un besoin de passer le Kryptonien à la béchamelle nolanienne (un goût du sombre, du symbolisme souvent ronflant parce que mal amené...) qui faisait de lui un Jésus destructeur, pas vraiment torturé et au final peu creusé, j'étais curieux de voir sa suite. Avec Snyder à la réalisation, pas forcément de craintes de ma part (si MoS m'avait déplu, je considère qu'il y a plus à voir dans Sucker Punch qu'une bande de nymphettes en cosplay qui dézinguent des streums... mais c'est un autre débat) d'autant qu'il abordait cette fois le Chevalier de Gotham et qu'il avait l'occasion de faire un affrontement idéologique, au delà du physique attendu, des plus intéressants. Pensez donc : L'élu vs celui qui s'est façonné, Dieu vs l'esthète, l'inné contre l'acquis, le positivisme contre l'amertume ... Les possibilités étaient énormes et après avoir touché à une excellente adaptation de Watchmen, Snyder avait prouvé pour moi qu'il était largement capable de s'attaquer à un sujet pareil sans se planter.Verdict ?
Et Dieu saigne ainsi que mon cerveau devant tant de gâchis...
Parce que c'est ça, ce film : un énorme gâchis. Devant un Batman nihiliste, meurtrier, dans la lignée d'un Dark Knight Returns de Frank Miller, bien interprété par Ben Affleck qui n'a pas à rougir, devant lui... ben on a rien. Rien. Un Superman qui s'interroge sur la vision que le monde a de lui et qui ne semble pas percuter que oui, quand on a créé pas mal de dégâts lors de sa première intervention publique, on va probablement susciter un peu de méfiance. Sauf que lui semble découvrir ça à chaque intervention dans le film. Ce qui en fait, au mieux une sacrée tête à claques, au pire un sale con. Et un Jésus con c'est pas un Jésus innocent (enfin si mais non...), c'est juste une preuve que quand un film est mal écrit, ça se voit vite. Très vite.
Sed Lex mais pas du tout Dura, le Lex
La mauvaise écriture couplé à un jeu d'acteur surjoué ? Ouille, ça fait mal. Lex Luthor, celui qui aurait pu incarner la jalousie d'un homme surpuissant, se sentant dépassé par un être aux pouvoirs inaccessibles à lui même ? Celui qui tentait de surpasser un surhomme par son intellect, soit le pendant négatif de la vision de Batman dans ce film ? Mais pensez vous, ma bonne dame : je vais vous refiler le gars riche qui n'a pas de but dans la vie sinon citer des répliques célèbres tout le temps (au point que franchement ça en devienne lassant quant ça aurait pu être drôle...) et qui n'aime pas Superman... ben parce qu'il n'aime pas Superman. Cherchez pas de psychologie plus loin, y en a pas.
La vacuité. Le néant.
Une louche de bouillabaisse virtuelle, ma bonne dame ?
C'est peu de dire que ce film était indigeste parce qu'il est long, c'est surtout qu'on s'emmerde. Une introduction prometteuse nous faisant comprendre le point de vue de Batman sur Superman... qui finira atomisée en deux secondes par le motif de réconciliation des deux adversaires (je spoile pas tellement c'est con...), un Batman qui grommelle dans sa barbe qu'il n'aime pas cet alien, un thème musical pour une Wonder Woman sympathique mais hélas trop peu travaillée et présente le long du film... Voilà pour les bons points.
Et pour cette bataille finale, ben ... rejouez à un jeu vidéo de baston, ça sera plus lisible et plus intéressant.
EN BREF ? JE HAIS CE FILM. Je le hais parce qu'il y avait du potentiel et qu'il n'est jamais venu. Parce qu'il a maltraité son sujet quand il avait un boulevard.
Du coup, merde Warner.