Quand on arrive dans une salle où est projetée le blockbuster de la semaine, opposant ni plus ni moins que Batman et Superman, et qu'on se rend compte qu'elle est absolument vide alors que le film démarre, on se dit qu'il y a un truc qui pue. Soit moi, soit le film. Ca se confirme, deux heures plus tard, de façon cinglante. Alors que le combat final n'a même pas débuté, l'épuisement point et l'idée de devoir supporter encore une bonne demi-heure de vaine débauche devient presque un supplice. L'honneur exceptionnel d'assister à une inattendue projection privée de Batman vs Superman se transforme en punition sans fin, et je me mets à rêver de cette liberté qui n'est lointaine que d'une petite demi-heure mais qui me parait soudain un doux songe.


Revenons au commencement, pour tenter de mieux cerner l'objet de mon affliction. Zack Snyder n'a pas voulu faire du Avengers. Peut-être qu'il aurait dû. Pas sur le même ton évidemment, vu que Batman et Superman se prêtent peu à l'avalanche de punchlines calembours. Mais croyez-moi, en regardant ce Batman vs Superman, on comprend pourquoi Avengers a touché en plein dans le mille (sans être un très bon film, objectivement). Ce mélange de cool, d'épique, d'action démesurée mais lisible, Joss Whedon le dosait parfaitement, et parvenait à masquer avec métier un scénario pas follichon.


Batman vs Superman n'a, lui, que de l'épique à offrir. Mais là où la confrontation entre les deux superhéros par excellence aurait dû transcender cette dimension épique, Snyder ne nous sert que du réchauffé et de la philosophie de maternelle.


Malgré son extrême confusion scénaristique (surtout quand on n'a pas vu Man Of Steel, mea culpa), la première moitié du film est la plus réussie, notamment en termes d'action et de spectacle. C'est là aussi qu'on retrouve brièvement le talent visuel de Snyder, quand il rejoue la mort des parents de Batou ou lorsqu'il s'agit de faire de Superman une icône religieuse. Contre (presque) toute attente, Ben Affleck campe même un très bon Batman, grisonnant, mâchoires carrées, presque cynique.


Mais très vite l'épuisement gagne. A force de scènes d'action démesurées mais déjà vues donc ennuyeuses, à force de surmultiplier les personnages inutiles, à force de caméos tout aussi inutiles, et surtout à force de déception. Qu'éprouver d'autre face à ce duel Batman-Superman déjà terriblement mal amené, mais en plus sans surprise, ultra court et conclus par un rebondissement bien niais ? Une fois que les deux héros ont refait copain-copain, que reste-t-il à espérer ? Pas grand chose, et sûrement pas un gros troll dégueulasse en guise de boss final et de violation de copyright.


Il y a bien, en fin de parcours, une petite lueur. Car naïvement j'ai bien voulu y croire, que les studios allaient réellement filmer les adieux à Superman. Surtout que durant tout le film, ce dernier n'a rien fait d'autre que prouver qu'il est l'un des superhéros les plus inintéressants, et qu'il vaut surtout par le regard que les habitants de Metropolis et Lex Luthor portent sur lui. Mais en guise d'arnaque ultime, on nous refourgue 15 bonnes minutes d'éloge funèbre sorties d'un film de Michael Bay, avant de nous asséner ce plan final qui fait sérieusement réévaluer la conclusion de The Dark Knight Rises.


Allez, rajoutez quelques clous sur le cercueil du Kryptonien et foutez-moi Ben Affleck dans un stand alone avec un vrai scénar. Parce que sérieusement, si on continue sur cette voie, et vu ce que vous faites de Wonder Woman, Flash et Aquaman dans le film, on est parti pour se bouffer du nanar honteux jusqu'en 2020.

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le 29 mars 2016

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magyalmar

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