L'Affaire Nairomi
Œuvre trop ambitieuse pour le grand public qui la jugea trop sombre et trop complexe, Batman v Superman était pourtant un film puissant, gargantuesque et audacieux. Principalement critiqué pour son...
le 20 nov. 2020
11 j'aime
4
Film DTV (direct-to-video) de Zack Snyder (2016)
Vilipendé par la critique dans sa version cinéma, Batman V Superman : L'Aube de la Justice nous revient dans son Ultimate édition et en 3D s’il vous plaît, de quoi largement essuyer les plâtres de Metropolis, et étoffer d’avantage les personnages qui paraissent déjà un peu moins décalqué de leur bande dessinée. D’un côté, Clarke Kent, un kryptonien qui détruit accidentellement les biens communs et provoque l’hécatombe de toute une cité qu’il tente de protéger. De l’autre Bruce Wayne, un milliardaire alcoolique et désillusionné qui distille volontairement un climat de répression et de terreur au sein de Gotham City et qui tentera de sauver la veuve et l’orphelin du cataclysme de Métropolis. Ben Affleck porte avec lui un lourd bagage émotionnel et d’addictions qui viennent alimenter son interprétation du chevalier noir qui restera sans nul doute comme le plus cynique et tourmenté de tous, probablement le plus massif aussi. Son personnage tire ses névroses d’une épreuve difficile, celle de l’assassinat de ses parents qui n’a jamais été aussi implicite que dans cette énième relecture du mythe, le faisant plonger au sein d’un puits abyssale avant de s’en élever grâce à une nuée de chauves-souris. L’introduction cauchemardesque laisse ainsi éclater tout le talent de metteur en scène de Snyder que l’on sait amoureux des séquences oniriques et des ralentis ultra stylisés (Watchmen, Sucker Punch) donnant cette impression de gravité, et d’un gouffre dans lequel le réalisateur tente de nous tirer au grand dam de l’optimisme familiale qui sera particulièrement malmené par toute cette noirceur assez inhabituelle pour un blockbuster. Mais Batman V Superman répond également à une logique mercantile, celle de devoir prolonger l’univers étendue de DC et de sa Justice League censé concurrencer les Avengers sur ses propres friches comme cette introduction au forceps par port USB de toute une galerie de faire valoir dont émerge néanmoins la future Wonder Woman.
Batman V Superman aborde donc des sujets particulièrement mature et sensible en sondant le marasme conjoncturel et les traumatismes américains (la destruction de Métropolis évoque à bien des égards les attentats du 11 septembre 2001). Loin de se cantonner à une crise d’égo mal place ou rivalité de cours d’école, cette opposition entre deux mondes, visions et styles antinomiques (Métropolis/gotham city, le cycle jour/nuit, les super pouvoirs et l’utilisation de la technologie, les effets pratiques et numériques) finit bien par provoquer quelques étincelles dans son sillon que le réalisateur tente de replacer au cœur des débats publics (le populisme y est évoqué ainsi que la voracité des médias à le recherche de faux coupable à blâmer). Superman aura beau être porté en liesse par tout un pan de la population qui le vénère comme le messi, c’est avant tout l’acte désespéré d’un opprimé faisant tout exploser autour de lui qui nous reviendra à l’esprit. L’intervention des justiciers masqués a toujours répondu à une logique d’insécurité afin de combattre la lente déliquescence de la société, quand la criminalité prend des proportions telle que l’autorité n’est plus en mesure d’assurer l’intégrité de ses habitants. Cette justice punitive et privé permet de redonner foi aux gens, mais engendre également des dérives dangereuses et violente comme le démontre le caractère de ce Batman moins ange que démon. En revanche, dans le cas de Superman, le bien engendre le mal comme on le verra dans Man of Steel, puisque c’est dans la quête de ses origines que va découler l’arrivée d’une civilisation extra-terrestre souhaitant conquérir notre planète. Quand les grattes ciel s’effondrent comme des dominos, que les gens meurent sous les décombres et dans les explosions provoqués par ces combats entre divinités, on est en droit de se demander si le monde a réellement besoin de super-héros. Qu’adviendrait-il de la Terre si un dieu comme Superman décidait de se retourner contre nous ? La vision prophétique d’une civilisation ravagé et des terres désolé tout droit sorti d’un épisode de Mad Max nous conforte dans la crainte de voir cette avenir devenir un jour réalité, un moins que l’on n’y mette le holà rapidement. C’est ce vers quoi va tendre ce choc des titans que l’invocation d’un monstre pataud et difforme finira néanmoins par occulter dans une dernière partie apocalyptique comme le réalisateur les affectionne tellement en convoquant une imagerie iconoclaste. Mais dans cette propension à se livrer au cœur de cette bataille de CGI que les Avengers ont initiés dans le paysage hollywoodien, Snyder s’est lui aussi sabordé au point d’altérer complètement l’horizon de cet affrontement que la campagne marketing nous avaient pourtant promis.
Si toi aussi tu ne te retrouves plus dans l’état de déliquescence actuel de notre société et que tu considères que le monde a besoin de héros, qu'ils soient violents, gros, cons ou attardés mentaux... L’Écran Large te fera passer de zéro à héros, car il suffit d'un collant et d’un peu de matière grise pour changer de peau !
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Créée
le 17 avr. 2023
Modifiée
le 5 août 2024
Critique lue 17 fois
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