Contextualisons ma première fois avec la bête. J'avais une quinzaine d'années quand Battle Royale s'est confronté à mon esprit critique. Film loué au vidéoclub du coin pour une soirée cinéma en famille. C'était ma première fois devant un film live japonnais, mes parents aussi d'ailleurs et c'était une expérience compliquée pour eux. Il m'en restait un souvenir d'un film plutôt médiocre il faut l'avouer. Peut être était-ce du à la présence des mes acolytes de visionnage ? Je me pose la question, qui sait, à cette âge, on est facilement influençable.
Le temps passe et lorsque Battle Royale vient sur le tapis on m'en dit beaucoup de bien. Quand on m'en parle, j'en profite pour ressasser mes brefs souvenirs du film et je n'arrive pas à connaitre, ni à fournir de raisons justifiant le piètre sentiment que ce film m'a laissé. Ces vagues souvenirs m'ont poussés à la note moyenne de 6/10. Ma mémoire ne m'éclairait seulement que la scène du phare et une VF compliquée. Pas grand chose finalement.
Je sais qu'il est ô combien difficile de doubler le cinéma asiatique alors il est de bon augure d'accuser cette VF douloureuse, un point de vue adolescent faussé et je me lance aujourd'hui dans le visionnage de Battle Royale, en VO, avec une TV haute définition, malbouffe ready, petite menthe à l'eau... Tout y est.
Résultat : 4/10 après avoir revu ce film. Je n'étais pas si mauvais juge à 15 ans, qui l'eût cru ?
Première chose qui me frappe : une photographie peu marquante. Pour une adaptation d'une oeuvre dessinée, c'est un peu décevant. Soit, je ne chipote pas sur la technique. Malgré tout et d'un œil assez neutre on peut tout de même dire que Fukasaku n'est pas l'as de la caméra. C'est très formel, carré, sans réelle esthétique mais continuons, ça n'est pas rédhibitoire. La séance commence, on se prépare à assister d'un œil un peu voyeur au spectacle sanglant que s'apprête à mener une classe de lycéen parquée sur une île afin de s’entre-tuer, ordre du gouvernement suite à l'état désastreux de la société et de ses jeunes désertant l'école. Armés d'éventail, taser et autres shotgun, ils s'en vont en guerre.
On a donc avec Battle Royale un concept original sous couvert d'une critique sur une société japonaise en déclin. Le film pourrait éventuellement mettre le doigt sur l'individualisme et l'absence de communication, la violence exprimée par toute une génération portée par le poids d'un avenir peu radieux. Il souhaite mettre en avant le point de vue adolescent, et nous invite à le comprendre et je pense que c'est l'une des raisons pour lesquels Battle Royale est adulé : son message.
Mais bon ...
Je n'ai pas réussi à être emmener sur ce terrain et je n'en avais pas envie. La faute aux comédiens dont la crédibilité frise le néant ? Certes, l'actorat japonnais est totalement différent du notre mais jusqu'à présent, ça n'a jamais était un frein à l’appréciation d'un film. Nous avons ici un duo de protagonistes totalement crédules et tête à claque avec lesquels il m'est très compliqué de m'identifier. Et quand bien même je fais appel au Toodle adolescent, rien n'y fait. Je veux bien suivre la cause non violente au milieu d'une tuerie, mais pas en compagnie des "Toupoutous" ... C'est d'un ennui risible à certains moments mais ça ne crée pas pour autant un gros décalage avec le restes des personnages. Étonnant ? Je ne pense pas m'voyez.
Je me suis donc retrouvé devant un mauvais "survival game" : manque d'hémoglobine, de râle d'agonie (quoique, ils savent pousser la gueulante parfois), de poursuites tâchée de sang et de torture psychologique car oui, j'en voulais plus. Bien que le le film soit juste dans sa violence et cherche à retirer toute humanité à cette jeunesse paumée, nos deux héros contrastant le paysage inhumain de ce massacre le contraste beaucoup trop, alors "give me blood please". Je me suis également retrouvé devant un mauvais "drame" puisque se relever 5 fois après avoir pris une flopée de balles à bout portant, après avoir hacké un système informatique militaire au milieu de la forêt avec un minitel et après avoir suivi des personnages dont la naïveté semble être celle d'un enfant de 12 ans ... C'est compliqué !
En résumé, tous ces faits peuvent être balayés assez facilement si on garde à l'esprit que c'est une adaptation d'un manga, mais je vous invite vivement à le garder à l'esprit car on a tendance à l'oublier. Je vais revenir sur un des premier points qui m'a dérangé : ce manque d'esthétisme. Cette image conventionnelle. On est dans le réel, et ce réel ne m'a pas convaincu car il est entouré de mauvais goût parfois surréaliste. Paradoxale.
Hélas, tout ceci au détriment du caractère fort de ce film. Peut être aurais-je du être japonais pour y trouver un point d'accroche ...
Bref, mention spécial au jeune décoloré option munition infinie d'avoir décimé la moitié des participants. On gagne du temps, aligato.
Et également mention spécial à Kitano et sa gueule que j'apprécie particulièrement peu importe le contexte au final.