Je n'ai rien contre les comédies absolument débiles juste conçues pour être complètement connes, à deux conditions. La première, et c'est normal, c'est qu'elles correspondent au genre d'humour qui me fasse rire. La seconde, c'est que peu importe à quel point le bordel du film soit absurde, il faut qu'il ait sa propre cohérence. C'est-à-dire qu'abolir les concepts de mort, de souffrance, de tristesse, c'est okay tant que tu te tiens à la façon dont tu les abolis. Tu peux pas te permettre de transgresser une règle que t'as toi-même établie, quand même.
Battlefield Baseball, quoiqu'on en dise, remplit déjà amplement la première catégorie. C'est n'importe quoi, certes, mais c'est n'importe quoi du début à la fin, et toujours de la même façon. Le caractère excentrique et abusé de chaque personnage est présenté dans les 5 premières minutes du film qui nous rentrent parfaitement dans l'ambiance du truc, et on sait déjà de quoi il s'agit, pourquoi, comment, chaque information nous étant dévoilée avec un timing adéquat à la compréhension totale du film.
(En même temps il s'agit de pas grand chose, mais bon. C'est toujours bien pour un film à la qualité aussi... discutable, d'avoir une trame narrative claire et nette.)
Certes, le jeu des acteurs est tout sauf cohérent, je dirais même qu'il est tellement nul à chier qu'il est absolument génial. Comment chaque acteur a t-il fait pour jouer aussi mal son rôle du début à la fin, mais en le jouant mal toujours de la même façon, donnant lieu à des personnages certes débiles mais cohérents dans leur débilité ?
Alors attention, j'ai vu le film en VF, et si vous ne l'avez pas encore vu je vous conseille de faire de même. Déjà parce que le film en soi est une sorte de nanar, dans le sens où on rit surtout de la façon intelligemment débile dont il a été conçu. Et vu qu'un nanar, c'est fait pour se détendre et rigoler un bon coup, la langue de Molière ajoute souvent une valeur ajoutée au délire. Mais surtout, pour un film asiatique, la VF est vraiment pas catastrophique du tout, elle colle d'ailleurs parfaitement au film et au "caractère" incarné par chaque personnage. Mention spéciale pour la voix-off très sympathique qui fait rarement aussi bien son boulot de voix-off, qui est très amusante et arrive toujours quand il faut, et surtout qui est très bien doublée en VF (c'est encore plus rare pour une voix-off...).
(Attention j'ai rien contre la VF, mais faut avouer dès que tu sors de la catégorie "blockbuster à succès des années 80/90", il y a de grandes chances qu'elle soit faite avec le cul.)
La mise en scène très kitch et proche du niveau télévisuel des années 90 est peut-être très critiquable en tant que telle, mais moins si elle est replacée dans son contexte. On est ici dans de l'humour bien lourd et bien gras, la fine fleur de l'humour japonais. C'est tellement abusé que ça marche. D'ailleurs, le film est vachement bien rythmé, avec une double narration plutôt bien gérée, et j'ai eu du mal à croire au début que je faisais face à une comédie plutôt pourrave. Non, le début laisse plutôt croire à un simple film sur le sport, la compétition, le lycée; le tout saupoudré d'une pointe d'humour absurde. Mais le début laisse surtout présager un film qui se veut tout d'abord cool, une film de combat dont on va pouvoir bien se marrer tellement il est mal foutu, au final.
Et je dois dire que les gens qui ont fait ce film sont plutôt malins parce qu'ils m'ont bien pris au piège. Si le métrage commence avec des scènes pouvant laisser croire à une tentative de mise en scène sérieuse (des plans bien "symétriques" et "cadrés", des trucs foutus au premier plan pour donner un côté pseudo-esthétique), il est dès le début hilarant de par la niaiserie et le premier degré incroyable avec lequel il est produit. Puis au fur et à mesure, l'intrigue commence à devenir de plus en plus absurde, et le temps que le spectateur se soit bien marré comme une truffe face à la grosse bouse qu'il est en train de regarder, on est à la moitié du film.
(environ)
Et à la moitié du film, tout bascule puisque le réalisateur, le scénariste ou je ne sais qui, a décidé de se moquer de sa propre oeuvre, et dans la dernière demi-heure on tombe carrément dans un délire second degré assumé. Des choses qui faisaient rire dans la première heure du film reviennent comme running-gags récurrents, et on se rend compte que c'était là pour faire rire à la base.
C'est comme si les créateurs du truc avaient décidé de reprendre la main, genre "Vous vous êtes bien marrés maintenant ? C'est bien, maintenant c'est nous qui allons nous marrer, et on vous emmerde."
En effet ça finit n'importe comment, avec des scènes d'action à n'en plus finir qui ne sont plus toujours drôles (mais il doit y avoir 20 minutes de pas vraiment drôles dans le film, et c'est à la fin donc ça passe). C'est à ce moment là qu'on se rend compte que les gars ont juste filmé des scènes à la con et rajouté des filtres roses dessus pour montrer qu'on est passé dans un monde différent. Bravo.
Du coup, je me pose la question, est-ce que j'ai surkiffé cette chose sur un malentendu ?
Il est vrai que ça fait une semaine que je me tape des films bien chiants, et que là, de voir ça, ça m'a grisé. Qui plus est, ce n'est peut-être pas le genre de film à revoir, d'où je ne lui mets pas un 10 malgré le fait que j'aie été totalement pris par le délire.
Par contre si une chose est bien sûre, c'est que c'est le genre de film à voir, et je vous incite à aller le voir MAINTENANT pour vous faire un avis. Vous allez adorer, vous allez détester ou vous allez vous en tartiner les couilles allègrement (les ovaires éventuellement, mais existe t-il réellement des femmes qui vont sur internet ?*), mais il ne vous laissera probablement pas indifférent. Ô que non.
Pour vous quitter dans la joie et la bonne humeur, retrouvez ci-dessous un florilège de citations destinées à vous rappeler les meilleures punchlines de ce chef d'oeuvre, à NE PAS LIRE bien sûr si vous n'avez pas vu le film.
« Je m'appelle Baseball. »
« - Je connais une technique infaillible, j'ai même tué mon père avec.
- Oh, vous pouvez tuer des gens ! »
« Espèce de délinquant capillaire. »
« Je ne crois pas au destin, mais je crois au coiffeur. »
« C'est incroyable qu'on ait tous pu oublier tout ça pendant trois ans, alors qu'on est même pas alcooliques. »
« Regardez, même le décor bouge avec lui ! »
« Oui je suis mort, et alors ? Toi t'es bien un zombie, tu crois qu'c'est mieux ? »
Vous en conviendrez, sorties du contexte du film, elles ne sont pas vraiment extra. (sauf celle du coiffeur, elle décoiffe si je puis dire) En tous cas ça prouve bien que la VF est obligatoire pour ce genre de films, nom de d'là.
P.S. : J'ai oublié de parler de la musique. La MUSIQUE putain. La bande son est juste incroyable, ces trois notes de synthé moisies vont vous emporter dans les ambiances les plus folles et enivrantes. Sans parler des chansons, alors là... Disney en pleurerait.