Basse terre dans le Mauvais genre.
L'idée de base est plutôt intéressante en soi: le spectateur est "plongé" dans le point de vue d'une gueule de chien trimballé de propriétaire en propriétaire.
La voix livrant les sentiments du chien, qui d'ailleurs est un peu trop anthropocentré à mon goût, ne me semblait pas adéquat au début, mais on s'y fait avec le temps. Le "monocordisme" est d'ailleurs on ne peut plus pertinent.
Mais les problèmes arrivent lorsque l'on sort des chicheries (j'y reviendrais plus tard) de l'animal. En effet, en dehors de cela, il n'y a pas vraiment de quoi grimper aux rideaux: réalisation plate, impersonnelle, souvent ratée, au jeu des acteurs limite amateur, et cela n'a rien à voir avec le couple qui se fait mater.
Il y a pourtant ici et là quelques trouvailles (très très rare, je dirais presque que c'est la seule), comme ce décalage lumineux, au sens propre comme au sens figuré, lorsque le vieil homme se rend sur la tombe de la vieille dame (première propriétaire dans le film du personnage principal).
Enfin, j'en viens à ces chicheries: Malheureusement, on ne nous livre ici qu'une analyse de comptoir du comportement humain. Rien ne vient vraiment bouleverser les habitudes entre les coucheries et les tromperies, l'amour adolescent, l'adolescent perturbé, le voisin voyeur, et les remarques "acerbes" sont d'une platitude incommensurable.
Lorsque, enfin, le personnage principal devient vraiment malsain, le scénario retourne sa veste et justifie son acte par une logique on ne peut plus neuneu *, comme si les auteurs (dans l'optique où ils ont opté d'eux-mêmes pour ce choix, question qui peut se poser vu la bêtise des producteurs à vouloir tout cadenasser dès qu'il y a un frisson d'audace) ont été étourdies par leur propre folie.
Il est toujours appréciable de voir, même raté, une telle tentative dans le "genre", d'autant venant de Français, espèce pourtant soupçonnée d'être incompétente en ce domaine, ça l'est moins lorsque l'on se pose la question de savoir pour quelle raison a-t-il fallu que les auteurs foirent totalement l'habillage, transformant une excellente idée acerbe et malsaine à l'origine en un truc du niveau de Poubelle La Vie encore plus neuneu et avec comme seul sponsor la SPA **
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Baxter agit pour tuer le nourrisson, ok, pour quelle raison refuse-t-il de tuer le gosse à la fin ? Les deux actes sont pourtant totalement gratuits, même si les auteurs appuient bien sur un trait de caractère du bull terrier...
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Dont j'apprécie le travail au demeurant, mais ici, la qualité technique est du niveau d'un de leurs plus mauvais clips de toute leur histoire.